12 juin 2019 - 17:18
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Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En 2012, sur le terrain encore sablonneux de l’école fraichement bâtie, la mairesse de Belœil Diane Lavoie faisait le constat suivant : l’école au Cœur-des-Monts, située à l’extrémité des Bourgs de la Capitale, sur la nouvelle rue Paul-Perrault, semble isolée. Mais les terres qui entourent le bâtiment seraient bientôt occupées par des développements résidentiels à haute densité, des bâtiments industriels légers et des commerces : « Il y aura des développements importants dans ce secteur, de l’école jusqu’à l’intersection de la Saint-Jean-Baptiste et de l’autoroute 20 », disait-elle. Elle aura vu juste. Très, très juste.

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La directrice de l’école, Catherine Pedneault, disait ceci : « Nous avons une école jeune, qui va vieillir en même temps que ses premiers élèves. L’école a une capacité de 500 élèves, il y aura des nouvelles classes chaque année. » Elle disait aussi juste. Oui, très, très juste.
Tellement juste que cinq plus tard, l’école atteignait sa capacité d’accueil maximum. On a dû « agrandir par l’intérieur », nous dit-on. Lire ici « sacrifier les locaux de musique et d’informatique ». Sept ans après l’ouverture de l’école, on doit refuser les élèves et les envoyer ailleurs.
Prenons une pause; aucun élève ne sera laissé de côté. Le drame n’est pas là. Le drame, c’est que l’école est déjà pleine après seulement sept ans et que des jeunes étudieront hors de leur quartier. Oui, ils s’adapteront à leur prochaine école, à ce léger déracinement; ont-ils le choix?
Des changements dans la routine familiale, dit-on. Non, c’est plus que ça. C’est de ne pas aller à la même école que son voisin. C’est d’avoir un stress de plus pour l’élève ou le parent. Pas un gros, un petit. Mais un petit récurant, chaque matin, chaque soir.
C’est constater les mêmes renvois de balles entre une commission scolaire et le ministère de l’Éducation. La Commission scolaire des Patriotes (CSP) qui dit ne pas avoir de prévisions précises du nombre d’enfants de la part du ministère. Le ministère qui fournit des directives en se basant sur les chiffres de la commission scolaire.
Certes, il faut tenir en compte la réalité lorsqu’on construit une école. Certes, il est difficile de prévoir le nombre de familles qui s’installeront dans un quartier en plein essor. Certes, il faut tenir en compte les autres écoles de la région. Mais peut-on tout de même viser un peu plus haut?
Je citais la semaine dernière dans cette même chronique qu’il m’était difficile de reconnaître Belœil tellement elle se développait « de l’intérieur ». Cette transformation urbaine ne s’est pas amorcée l’année dernière. Au début de la décennie, un fin urbaniste aurait sûrement prévu ou à tout le moins anticipé cette tendance. Pour éviter une situation embarrassante comme celle dans laquelle nous nous trouvons, où le développement résidentiel est tellement florissant que la Ville nage dans les surplus, mais où elle doit expatrier ses enfants dans les autres écoles de la région.
Je ne cherche pas de coupable; peut-être Belœil croît-elle trop rapidement; peut-être les prévisions n’auraient pas pu être plus précises; peut-être, peut-être, peut-être. Je sais juste une chose : si j’emménageais dans les Bourgs de la Capitale et qu’on me disait que mon enfant devait changer de ville pour aller à l’école, je serais en… Je ne sais pas trop, choisissez le mot.

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