23 novembre 2020 - 08:29
Une eau de la rivière bien plus belle qu’il y a 20 ans
Par: Sarah-Eve Charland

Le directeur des communications Sylvain Lapointe et le directeur général Marcel Comiré, du COVABAR Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Alors qu’il fête son 20e anniversaire en novembre, le COVABAR montre un certain optimisme en constatant une amélioration constante de la qualité de l’eau de la rivière Richelieu, bien que les défis demeurent nombreux.

Publicité
Activer le son

« Je ne boirais pas l’eau directement de la rivière, mais je me baignerais. Les gens ont beau dire qu’ils se baignaient dans la rivière il y a 50 ans, mais je ne suis pas sûr qu’il savait dans quelles conditions elle se retrouvait », mentionne le directeur des communications et des partenariats du COVABAR, Sylvain Lapointe.

Le directeur général Michel Comiré poursuit en qualifiant la qualité de l’eau de moyenne. « C’est sûr qu’à certains endroits, elle peut être bien, à d’autres moins. C’est rassurant. La qualité de l’eau ne se détériore plus. Elle ne fait que s’améliorer. »

Il y a 20 ans, le COVABAR a reçu le mandat d’élaborer le plan directeur de l’eau qui avait notamment pour objectif d’émettre un diagnostic des problématiques liées au bassin versant. Depuis quelques années, il ne s’agit plus d’identifier les problématiques, mais bien d’agir. L’une des grandes priorités réside dans les pratiques agricoles et les bandes riveraines. D’emblée, MM. Lapointe et Comiré reconnaissent les efforts des agriculteurs pour réduire leur impact sur l’environnement.

« La majorité comprend la nécessité de changer les méthodes de culture autant pour participer à l’amélioration collective de l’environnement, mais aussi parce qu’il y a une rentabilité. Ça représente même une augmentation de rendement », souligne M. Lapointe.

Les deux intervenants estiment toutefois que les interventions devraient parfois aller plus loin que la réglementation. Ils citent en exemple les bandes riveraines. Les réglementations obligent les agriculteurs à garder une bande riveraine de trois mètres. Bien qu’à certains endroits, cela puisse s’avérer suffisant, pour d’autres terres, une bande riveraine de 10 mètres serait plus appropriée, mentionnent-ils.

L’aménagement du territoire

Il y a encore beaucoup d’efforts à faire, poursuit M. Comiré. Le gros défi sera de garder notre eau.

« Dans le passé, on ne pouvait pas être préoccupés par ça, ajoute M. Lapointe. La ressource était en abondance. On s’imaginait qu’elle était éternelle. L’aménagement du territoire et l’urbanisation ont fait en sorte que la terre ne conserve plus son eau de la même façon, l’eau ne circule plus de la même façon. Il va falloir trouver des solutions pour se remettre en communion avec la nature. On a cru qu’on pouvait harnacher la nature et la contrôler, mais on l’a vu au Saguenay à l’époque, la nature reprend toujours sa place. Il faudra travailler l’aménagement du territoire en fonction de la nature. »

Les développements immobiliers dans la région inquiètent particulièrement MM. Comiré et Lapointe. Les stations d’épuration ne seront pas en mesure de traiter l’eau de toutes les nouvelles constructions de la région. De plus, les polluants liés aux produits pharmaceutiques et d’hygiène sont de plus en plus présents dans l’eau. C’est l’une des raisons pour lesquelles les relations entre le COVABAR et les villes ainsi que les MRC sont importantes.

« Tant que les municipalités seront tributaires de la taxe foncière, ça va exercer une pression sur le développement, sur l’aménagement du territoire. […] Il faut qu’il y ait une vision et une réflexion sur l’aménagement du territoire. Tout ça cause de la pression sur la nature. Ce sera le prochain défi des municipalités et du gouvernement en matière de développement et, indirectement, de nous autres aussi. Tout ce qui est aménagement du territoire touche la circulation de l’eau et la nature », estime M. Lapointe.

Le ministère de l’Environnement a publié un rapport en 2017 dans le cadre d’une étude spéciale où il considérait la concentration de BPC problématique dans la rivière Richelieu. La concentration du pentachlorobiphényle, soit le BPC le plus toxique pour les mammifères, est considérée comme élevée. Selon les données du Ministère, mises à jour tous les mois sur son site internet, la qualité de l’eau de la rivière Richelieu à la hauteur de Saint-Charles-sur-Richelieu est jugée satisfaisante.

Devenir une entreprise à but non lucratif

Le COVABAR évolue afin de répondre à un besoin de plus en plus présent. Maintenant que la crédibilité de l’organisme est bien établie, les paliers de gouvernement invitent la population à se tourner vers le COVABAR pour différents services.

« Maintenant, ce qui arrive quand les inspecteurs sont mal pris, ils disent allez voir le COVABAR. D’accord, mais ça me prend du monde. Il y a une responsabilité civile. On n’était pas équipés. Maintenant, on va pouvoir offrir des services aux municipalités », mentionne le directeur général.

L’organisme se réorganise afin d’offrir des contrats de service toujours en lien avec l’eau, que ce soit pour la stabilisation des berges, le sauvetage des poissons ou des formations sur les meilleures techniques à utiliser pour améliorer les berges. Cette nouvelle vocation permettra de maintenir l’expertise, mais aussi de financer l’organisme. Ce dernier emploie en moyenne une vingtaine de personnes.

image