12 mai 2021 - 13:09
Tout ce bruit
Par: Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je n’ai jamais été aussi excité d’avoir un rendez-vous pour un vaccin! Yes, moi aussi. Fin du mois, je ferai partie du club de moins en moins select. Et ça me réjouit.

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Dans un sondage publié il y a moins d’une semaine, le Journal de Québec et la firme Léger dévoilaient un sondage qui montrait que 86 % des Québécois étaient en faveur du vaccin. La campagne de vaccination s’annonce donc pour être un grand succès. C’est ce que pensent les répondants et franchement, difficile de les contredire. Dans mon entourage, on me demande d’abord si je suis vacciné avant de me parler de la météo.

Oui, l’analyste et sondeur Jean-Marc Léger pense que la campagne de communication du gouvernement y est pour quelque chose. Le gouvernement a parlé de vaccination en long et en large. Et si on ajoute la pression des pairs et le phénomène d’entraînement, on peut expliquer ce résultat positif.

Nous voyons tous un peu plus la lumière au bout du tunnel. Mais au-delà de la fin du confinement, je vois une autre victoire poindre à l’horizon. Celle du savoir. De la science. Que malgré le grand bruit causé par 20 000 ou 30 000 manifestants la semaine dernière à Montréal, le public a préféré faire confiance à la voix de la raison.

Jamais nous n’avons eu autant de scientifiques en ondes ou dans nos journaux. Et contrairement à la prétention de plusieurs complotistes ou contestataires, les voix discordantes ont eu voix au chapitre. Mais à la fin, nous avons préféré les ignorer.

Petit aparté. J’ai écouté d’un trait cette semaine les cinq épisodes du balado Convictions, sur Radio-Canada. Le journaliste Simon Coutu, un habitué des reportages sur les gens de la marge, a réussi à discuter et à suivre quatre figures du mouvement complotiste, notamment l’ex-policier Maxime Ouimet et le « farfadet » en chef Steeve L’Artiss Charland. Le journaliste Coutu prend le temps de les écouter et de leur donner la chance de parler d’eux et de leur combat. Parfois triste, parfois touchant, le balado m’a quelques fois fait un peu peur. Peur devant une forme de bêtise, mais surtout peur devant la conviction inébranlable de gens qui, même devant les faits, préfèrent se vautrer dans leur réalité parallèle, une réalité sans virus, avec un gouvernement tyrannique digne de la Russie soviétique et où les anti-masques sont des patriotes et des héros du peuple. Des gens qui ont dépassé le stade de la raison, un stade où la discussion n’est plus possible.

Et ce qui me faisait peur, c’est de savoir que des milliers de personnes les suivaient dans leur délire, parfois par aveuglement, parfois par colère. Et pendant un temps, au Québec, ces voix discordantes ont crié fort pour se faire entendre, surtout sur Facebook, YouTube et compagnie. Mais finalement, un an plus tard, avec la vaccination qui va bon train et le sourire qui revient lentement, quoique péniblement, sur le visage des Québécois, je me dis que ces voix n’étaient que du bruit.

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