27 février 2019 - 12:09
Seulement 15,5 % des places en CPE attribuées
Par: Sarah-Eve Charland

Le gouvernement compte relancer les11 000 places en CPE en suspens au Québec et en créer 2500. Photothèque | L’Œil Régional ©

Alors que le gouvernement a annoncé la création de 2500 places supplémentaires en Centre de la petite enfance (CPE), la majorité des places attribuées en 2013 ne se sont jamais concrétisées dans la région.

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À l’époque, cinq projets avaient été retenus dans la région pour un total de 194 places. De ce nombre, 64 places ont été abandonnées à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Les projets de 70 places à Saint-Mathieu-de-Belœil et de 30 places à McMasterville ont été mis en suspens. L’ajout de places à Saint-Basile-le-Grand et à Otterburn Park a vu le jour, pour un total de 30 places supplémentaires.

Le projet à Saint-Mathieu-de-Belœil avait été mis en suspens après la mise en place d’un moratoire en mai 2014 par le gouvernement libéral. La directrice générale du CPE Les Copains d’abord, France Bertrand, responsable de ce projet, avait reçu la consigne d’attendre 2019-2020 avant d’entamer l’ouverture d’une nouvelle installation.

Elle devait également trouver la moitié du financement du projet en dons. Il lui était interdit d’emprunter. « Pour un projet de 1,4 M$, ça veut dire que le CPE devait trouver 700 000 $ en dons. Je ne sais pas pour vous, mais ce n’était pas facile pour moi de trouver ces sous. De toute façon, on doit attendre 2019-2020, ça ne sert à rien de s’énerver avec ça. On a mis ça sur la glace. On a attendu », explique Mme Bertrand.

La Municipalité de Saint-Mathieu-de-Belœil avait acquis un terrain afin d’y construire cette installation, assure le maire Normand Teasdale. « Le moratoire est venu nous couper l’herbe sous le pied. On va trouver une façon de travailler avec l’organisation. On fera une location ou une vente à long terme au CPE. Les modalités ne sont pas déterminées. Il reste qu’il y a une volonté d’utiliser le terrain pour un CPE », maintient M. Teasdale.

Le terrain se situe à l’intersection du chemin des Vingt et de la rue Bédard. En début d’année, les élus ont adopté une résolution. « L’intention était déjà là avant l’annonce du gouvernement. On a senti le besoin de pousser le dossier en faisant une résolution [à jour]. On pensait que ça aiderait à améliorer les choses », affirme le maire.

Les Copains d’abord ont des installations à Saint-Bruno-de-Montarville, McMasterville et Saint-Basile-le-Grand. Il n’y a aucun CPE en fonction sur le territoire de Saint-Mathieu-de-Belœil.
11 000 places

La semaine dernière, le gouvernement du Québec a assuré qu’il relancerait l’ensemble des 11 000 places en CPE et en garderie subventionnées qui avaient été mises en suspens tout en assouplissant les règles budgétaires. Cette nouvelle est de bon augure selon France Bertrand.

« C’est ce qu’on souhaitait. […] On a reparti la machine, mais en même temps, on attend de voir les orientations du gouvernement. S’il maintient le financement à 50 %, nous avons encore des embûches. J’ai quelques solutions. Elles pourraient se concrétiser, mais ça compliquerait vraiment le projet. Si on avait la chance d’avoir un financement de 100 % du gouvernement, ça serait idéal », mentionne-t-elle.

La Municipalité et la directrice générale du CPE sont entrées en contact avec le bureau du député de Borduas, Simon Jolin-Barette, pour discuter du projet de CPE. « Nous avons effectivement fait des démarches appropriées auprès du ministère de la Famille et nous poursuivons les suivis. Nous sommes confiants que ce dossier connaîtra un dénouement heureux », souligne l’attachée de presse du député, Marie-Hélène Leboeuf.

Un projet abandonné à Saint-Antoine

Le projet de 64 places du CPE Le Hibou à Saint-Antoine-sur-Richelieu a été abandonné à la fin 2017. Les places promises dans le cadre de son projet ont été retournées au ministère de la Famille.
Selon la Municipalité de Saint-Antoine-sur-Richelieu, le projet de CPE a été abandonné notamment en raison d’une hausse des investissements exigés aux CPE, alors que le financement gouvernemental a été revu à la baisse de 80 % à 50 %.

La municipalité avait aussi acquis un terrain en 2010, au coût de 110 000 $, pour y construire le CPE. Elle avait également dû défrayer 65 000 $ pour la démolition et la décontamination d’un duplex en raison de la présence d’amiante.

Le terrain appartient encore à la municipalité. Il est partiellement occupé par le jardin communautaire. Un projet d’habitations a été discuté au cours de la dernière année avec le conseil municipal, mais a finalement pris forme sur un autre site. Les élus n’ont pas exploré d’autres avenues selon la mairesse Chantal Denis.

La direction générale du CPE Les Frimousses de la Vallée, qui avait obtenu 30 places à McMasterville, n’a pas voulu commenter la situation.

Le ministère de la Famille n’avait pas répondu à nos questions au moment de mettre sous presse.

À la recherche d’un CPE

Les besoins demeurent grandissants dans la région alors que certaines familles ont dû attendre des années avant de pouvoir placer leur enfant dans un Centre de la petite enfance (CPE).
Brigitte Bédard s’est placée sur la liste d’attente pour placer son garçon en CPE en 2014 lorsqu’elle est tombée enceinte. Elle a accouché en janvier 2015, mais ce n’est qu’en janvier 2019 qu’elle a reçu un premier appel pour une place dans un CPE.

« Quand on m’a appelée il y a quelques semaines, ça m’a rassurée de savoir que j’étais encore sur la liste. Je commençais à en douter. […] Ce qu’on nous proposait, c’est plus loin de ce qu’on a en ce moment. On n’a pas pris la place parce que ça nous rallongeait. On n’a quand même pas eu d’offre avant quatre ans », constate-t-elle.

Cette mère a également une fille de 10 ans. À cette époque, elle a connu la même problématique. Elle a réussi à placer sa fille en CPE à ses 4 ans. Puisque l’enfant est plus vieux, elle n’a pas pu bénéficier de la priorité de la fratrie.

Son fils est placé en service de garde privé. « Ça se passe bien. […] On a eu une belle expérience avec le CPE où ma fille est allée. C’est ce qu’on souhaiterait. On n’est pas prêts à déplacer notre fils pour le déplacer. Il est très bien où il est. Ça coûte 235 $ par famille. Ça fait une grosse différence », ajoute-t-elle.

Le fils de 8 mois de Caroline Vivier pourra être placé en septembre dans un CPE. Il est prioritaire puisque d’autres enfants de sa famille étaient déjà placés dans un CPE. Il y a quatre ans, la mère a aussi inscrit sa fille sur la liste d’attente.

« Nous n’étions pas pressés d’avoir une place, alors nous avons attendu la fameuse place. Autour de ses 18 mois, nous avons reçu deux appels de CPE. […] Comme nous avons priorité étant donné la fratrie, nous n’aurons pas à attendre à nouveau pour une place en garderie. Notre expérience est positive, mais nous avions peu de contraintes dans le temps », conclut-elle.

Saint-Antoine-sur-Richelieu CPE Le Hibou 64 places Abandonnées
Saint-Mathieu-de-Beloeil CPE Les Copains d’abord 70 places En suspens
Otterburn Park Garderie Les Trésors de la montagne 20 places Réalisées
McMasterville CPE Les Frimousses de la vallée 30 places En suspens
Saint-Basile-le-Grand CPE Les Mousses du mont 10 places Réalisées
Total des places réalisées 30 places
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