15 août 2019 - 19:20
Émile Grenon Gilbert ne se prononce pas sur l’avenir du maire
Par: Denis Bélanger

Émile Grenon Gilbert

Contrairement à deux de ses collègues, le conseiller municipal indépendant Émile Grenon Gilbert refuse de demander la démission du maire Yves Corriveau.

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« Me prononcer à ce sujet n’a aucune valeur légale et même démocratique. C’est-à-dire que le maire a été́ démocratiquement élu par le peuple. Seul le peuple peut révoquer son mandat lors des prochaines élections. Bref, la décision lui appartient », écrit dans une longue lettre destinée à ses citoyens M. Grenon Gilbert qui est revenu dernièrement de vacances.

Il était ainsi absent lors de la dernière séance ordinaire du conseil municipal où les élus Louis Toner et Christine Imbeau ont demandé formellement le départ de M. Corriveau. Une déclaration faite à la suite d’une intervention d’un citoyen. Les trois autres élus avaient pour leur part mentionné qu’ils avaient besoin d’un peu plus de temps pour se prononcer sur le sujet.

En accord avec le projet Saint-Georges
Émile Grenon Gilbert aborde plusieurs autres sujets dans sa missive rédigée pour expliquer sa démission de la formation politique du maire à la suite du voyage controversé de ce dernier au Burundi.

M. Grenon Gilbert tient à préciser que le fait que le maire « ait mal géré la crise du Burundi » ne rendaient pas caducs les projets municipaux en cours. Il demeure d’ailleurs toujours en faveur du projet de la rue Saint-Georges. « Ce redéveloppement de notre centre-ville éveille les passions populaires ces temps-ci. Il y a même une guerre commerciale qui court. Une chose est sûre, l’emplacement est logique et diligent. »

 

Voici le contenu de la lettre dans son entièreté :

Lettre pour mes citoyens : mon humble lecture du climat politique de notre ville.
Amis et citoyens, je voulais écrire ce texte à la suite des derniers événements de notre ville. Vous êtes plusieurs à m’avoir écrit pour avoir mon opinion sur les évènements passés. De retour d’un voyage à vélo de 1 800km, j’ai enfin eu le temps de prendre un recul et d’analyser la situation. J’ai pris le temps de parler au maire, aux conseillers, aux citoyens ainsi que le directeur général (DG), et ce, afin de me faire une opinion juste, objective et neutre.

Pourquoi j’ai démissionné du parti ?
Pour moi, c’est la gestion, par le maire, de la crise et la gouvernance des derniers mois qui m’a fait prendre cette décision. (Par exemples, le fait d’avoir signé un protocole sans mandat, le manque d’écoute à l’égard de ses conseillers, le manque d’informations sur la prime de départ (qui sera, soit dit en passant, annulée), etc.

Je quitte donc le parti, mais malgré tout le cœur léger. L’heure est au rétablissement de la dynamique au sein du conseil.

Est-ce que je crois que le maire devrait démissionner ?
Me prononcer à ce sujet n’a aucune valeur légale et même démocratique. C’est-à-dire que le maire a été démocratiquement élu par le peuple. Seul le peuple peut révoquer son mandat lors des prochaines élections. Bref, la décision lui appartient.

Comment régler le conflit ?
Le paysage politique a grandement changé au cours des dernières semaines, il faudra s’adapter à cette nouvelle situation pour continuer à faire avancer la communauté.

1. Le maire doit répondre, en privé, aux nombreuses questions des conseillers pour regagner leur confiance et continuer à faire progresser notre belle ville.

2. Comme dans toute résolution de conflit, il faudra avouer nos tords, apprendre des erreurs commises et réapprendre à cohabiter dans un cadre professionnel.

Est-ce que le fait que le maire ait mal géré la crise du Burundi rend les projets municipaux en cours caducs ?
Bien sûr que non. Plusieurs personnes sur les réseaux sociaux tentent de faire cet amalgame. Des politiques et des programmes d’actions actuellement en cours sont d’ailleurs réfléchis et travaillés par des citoyens constructivement engagés (tel le plan d’urbanisme de la rue Saint-Georges).

 

Suis-je d’accord avec le projet de la rue Saint-Georges ?
Oui. Le redéveloppement de notre centre-ville éveille les passions populaires ces temps-ci. Il y a même une guerre commerciale qui cours. Une chose est sûre, l’emplacement est logique et diligent. Ce projet est en plein cœur de la ville, il est à 100 mètres du transport en commun, dont l’autobus 200 menant au métro Longueuil, de la vie communautaire, de la piscine, du jardin communautaire, du marché public, de la piste cyclable et des commerces. Cette requalification urbaine s’inscrit dans la pérennité et une tendance à l’échelle de la RMR de Montréal. Il respecte la grande majorité des objectifs écoquartier de vivre en ville. On parle d’un développement ou le piéton est roi, le cycliste est prince et l’automobiliste est secondaire. Un toit agricole est même prévu ! L’avenir du développement passera nécessairement par la requalification urbaine et non par la destruction des milieux naturels et agricoles. Les craintes sur le paysage, la circulation, l’architecture, les matériaux ont été prises en compte. La démographie change, la population croît, nos ainés vivent de plus en plus longtemps, nécessairement ces êtres humains devront vivre sous un toit. Notre ville a une énorme attraction pour les familles, ce qui attire aussi les grands-parents. Ce qui amène de nouveaux besoins en logement. Le travail d’élu nécessite de prendre en compte les avantages et désavantages d’un projet pour la communauté et pour les générations futures. Bref, voilà la grille d’analyse qui oriente mes positions, j’ai même fait un mémoire sur le redéveloppement du centre-ville en octobre dernier (que vous pouvez consulter sur le site de la ville, MSH2035).

Est-ce que le conseil en fait assez pour la transition écologique ? 
Non. Présentement nous ne prenons pas collectivement tous les moyens qui s’imposent pour ralentir le rythme de destruction de notre planète. La ville de Mont-Saint-Hilare a endossé la déclaration d’urgence climatique par l’entremise de la CMM en novembre dernier. Cette urgence devrait se faire sentir dans les décisions municipales et dans le discours politique. Certes il est prévu de déposer une politique d’agriculture et de développement durable en automne. Oui, plusieurs éléments du Plan d’urbanisme sont innovateurs en environnement. Mais ces actions resteront auxiliaires si elles ne s’inscrivent pas dans un plan concerté de réorientation et du développement du territoire. À titre d’exemple, un vrai programme environnemental comprendrait au minimum les mesures suivantes :

a) Développer la ville sur elle-même, taxer les déchets, faire une recherche de fonds pour acquérir les derniers boisés en zone urbaine et arrêter la spéculation sur les écosystèmes sur notre territoire ; postuler au nombreux fonds fédéral, provincial et interrégional pour réaliser des projets d’acquisitions, de plantations et de gestion des eaux; Développer un quartier industriel axé sur l’économie circulaire ; taxer la surconsommation d’eau potable.

b) Avec ces revenus, il faut acquérir ou zoner tous les boisés encore disponibles, construire des fermes de permaculture, construire les corridors forestiers autour de la montagne, mettre en place un programme de décontamination par la phytoremédiation du garage municipal, déminéraliser les rues, planter 15 000 arbres, acquérir les derniers terrains non construits en zone inondable, renforcer les milieux humides, revaloriser les ruisseaux canalisés, réinventer le recyclage et la consigne. Il faut aussi réinventer notre façon d’occuper le territoire, concentrer nos efforts sur la densification à échelle humaine dans des cœurs de villages partout sur le territoire. Ces constructions se feraient dans des immeubles à ossature de bois québécois, pas plus haut que la canopée. Il faut dépétroliser les fonds de pension et de retraite des élus et des fonctionnaires.

Finalement, et surtout, il faut concentrer nos investissements sur des objectifs environnementaux quitte à abandonner les immenses investissements prévus pour les routes, mais aussi dans les nouvelles constructions prévues en sports, loisirs et culture.

Ceux qui vous diront que c’est contre le développement économique, vous leur répondrez que les villes les plus pauvres sont toujours les moins vertes. Planifier et organiser la ville pour les enfants et l’intégration de la nature en ville constituent deux principes de l’urbanisme de demain.

Il faut débuter tout de suite. Il faut afficher nos couleurs et mobiliser la population. On doit particulièrement faire de l’environnement le fil d’Ariane de toutes nos actions pas un programme isolé des autres.

Il faudra s’attarder à la transition un jour ou l’autre, c’est une évidence ! Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver comme dirait l’autre.

En conclusion, je vais continuer à faire de mon mieux pour notre communauté, m’assurer de ne pas laisser le passé ternir mes décisions futures et définitivement assurer un travail en collégialité avec l’ensemble de mes collègues élus.

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