28 janvier 2020 - 20:49
L’avenir du Club de golf
Belœil impose un moratoire sur les demandes de changements de zonage
Par: Sarah-Eve Charland

Les gens se sont mobilisés à la séance ordinaire du conseil municipal pour exiger de conserver le terrain du Club de golf comme un espace vert. Photo Sarah-Eve Charland | L’Œil Régional ©

Belœil impose un moratoire sur toute demande de changement de zonage du terrain du Club de golf Belœil en attendant de connaître la volonté populaire sur l’avenir du terrain par le biais d’une vaste consultation publique. Le Club de golf Belœil, de son côté, craint les préjudices qu’un moratoire pourrait avoir sur sa santé financière.

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La mairesse de Belœil, Diane Lavoie, a en fait l’annonce avant de commencer la séance du conseil ordinaire du 27 janvier alors qu’une soixantaine de personnes comblaient la salle afin de manifester leur désir de conserver cet espace vert.

« Je pense qu’on est rendu là. Ça fait plusieurs fois qu’il y a des projets mis sur la table. Je pense que c’est important de faire une consultation publique auprès de tous les citoyens pour savoir ce que les gens souhaitent comme service sur ce terrain. Est-ce qu’on veut le garder comme un terrain de golf avec toutes les options qu’il pourrait y avoir? Est-ce que les gens veulent l’avoir en espace vert? […] On veut un consensus sur l’avenir de ce terrain. On veut que ce dossier soit porté par les citoyens pour nous indiquer vers où on doit aller », a affirmé la mairesse.

Au cours des dernières séances du conseil, des citoyens avaient demandé à la Ville d’imposer une réserve foncière, ce qui consiste à réserver un terrain ou un bâtiment à des fins publiques pour une période de deux ans afin d’interdire des investissements de la part des propriétaires. La Ville s’est informée auprès d’un avocat spécialisé en réserve foncière.

« Ce qu’il nous disait, c’est que le zonage actuel est la meilleure protection que nous avons pour le golf parce que rien ne peut se construire. Ce n’est pas permis. C’est zoné parc ou golf. […] Si on impose une réserve foncière, le Club de golf pourrait nous revenir [sur une base judiciaire] pour des pertes encourues pendant les deux ans de la réserve foncière », explique Mme Lavoie.

La Ville espère compléter les consultations en juin. Certains citoyens ont manifesté la volonté de tenir les consultations sur une plus longue période étant donné l’enjeu. « Tout est sur la table. On veut un consensus. Si vous voulez prendre plus le temps, on va le faire », poursuit Mme Lavoie.

Plusieurs citoyens se sont exprimés au micro pour partager leur volonté de garder ce terrain vert, idéalement en parc. Ils ont demandé à la Ville s’il était possible de réaliser cette vision. À cette question, la Ville n’a pas été en mesure de partager les coûts d’une telle initiative.

La biologiste spécialiste de la biodiversité Hélène Godmaire a interpellé les élus. « Je crois que cet espace est une opportunité extraordinaire pour verdir Belœil. Présentement, la canopée, c’est-à-dire le couvert forestier, est vraiment en dessous de l’idéal. C’est un espace qui va se libérer, qui sera ouvert aux idées, mais il faut penser à la qualité de vie parce que la canopée nous apporte énormément de bien-être. […] Vous avez une opportunité extraordinaire non seulement de créer un parc, mais un boisé », a-t-elle soutenu.

Des préjudices au Club de golf

Bien qu’il soit encore tôt pour connaître les effets de cette annonce, le président du Club de golf Belœil, Daniel Pelland, assure qu’il y aura préjudice.

« Je suis bénévole. On a formé une équipe pour sauver le golf pour les 20 prochaines années et on nous met des bâtons dans les roues. Toutes les décisions de cette nature ont des impacts sur les aspects commerciaux du Club de golf. On n’est pas en train de détruire le Club. On développe des stratégies pour en assurer la pérennité », souligne-t-il.

Un entrepreneur s’est montré intéressé à développer un projet de construction sur le terrain. Il a commencé à effectuer des tests environnementaux. Le président n’avait pas eu le temps de discuter avec l’entrepreneur au moment de l’entrevue pour connaître sa volonté à la suite de l’annonce de la Ville.

M. Pelland estime tout de même que le conseil d’administration souhaitera participer aux consultations publiques. « Les gens trouvent que c’est un beau terrain. C’est effectivement le cas. C’est très beau, mais ça demeure un terrain privé. On n’a jamais parlé de couper des arbres. Si on en coupe quelques-uns, on va en replanter. Ce n’est pas un sacrilège de construire un bâtiment sur le bord de la route 116 qui est déjà très commerciale. […] La beauté du site est assumée par les actionnaires. Il y a un coût. Si la Ville veut conserver la beauté du site, il y aura un coût. »

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