3 mai 2019 - 17:44
Il reconnaît avoir tué son ex-copine
Anthony Pratte-Lops derrière les barreaux pour longtemps
Par: Denis Bélanger

Anthony Pratte-Lops a admis jeudi au palais de justice de Saint-Hyacinthe être responsable du meurtre non prémédité de son ex-copine Daphné Huard-Boudreault. Il ne sera pas admissible à une libération conditionnelle avant 2035. Son plaidoyer de culpabilité a été fait quelques jours avant le début du procès, le 6 mai.

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Arrêté le 22 mars 2017 à Mont-Saint-Hilaire, le jeune homme maintenant âgé de 24 ans avait d’abord été accusé de meurtre prémédité. Les avocats ont convenu conjointement d’amender l’accusation avec plaidoyer de meurtre non prémédité. Selon l’avocat de Pratte-Lops, Me Marion Burelle, son client avait fait part dès la mi-février de son intention d’éviter le procès. Il ne voulait pas faire vivre à la famille de la victime ce long processus judiciaire, qui devait durer cinq semaines avec une trentaine de témoins assignés.

Une peine de meurtre au second degré entraîne une peine d’emprisonnement à vie, mais l’admissibilité d’une libération conditionnelle varie de 10 à 25 ans. Dans le cas de meurtre prémédité, c’est 25 ans de détention ferme avant de pouvoir demander une libération conditionnelle.

La procureure de la Couronne, Me Isabelle Morin, qui était assisté dans ce dossier par Me Cimon Senécal, a expliqué les motifs qui ont mené à modifier l’accusation. « Nous avons l’obligation de faire une preuve hors de tout doute raisonnable. Est-ce que certains éléments de la preuve pouvaient soulever des doutes dans l’esprit d’un jury? C’est dans ce contexte-là que la décision s’est prise. »

Une peine sévère
Les procureurs se sont entendus pour une suggestion commune de 18 ans de détention pour l’accusé avant qu’il puisse demander une libération conditionnelle. « C’est une peine très sévère pour un meurtre au deuxième degré en matière de violence conjugale. Si on regarde la jurisprudence, généralement, c’est entre 12 et 14 ans, parfois 15 », a commenté Me Isabelle Morin.

La peine a été entérinée par le juge de la Cour supérieure Pierre Labrie. Anthony Pratte-Lops doit également se soumettre à un test de prélèvement d’ADN et écope d’une interdiction à vie d’avoir en sa possession une arme.

Le père respecte la décision
Le père de la victime, Éric Boudreault de Saint-Jean-Baptiste, a commenté brièvement la tournure des événements. M. Boudreault s’était adressé plus tôt dans la matinée au juge pour témoigner de sa peine et des séquelles qu’il conserve du drame.

« La peine ne sera jamais assez grande pour vivre en paix. Nous n’avons pas grand-chose à dire. C’est un règlement entre procureurs. Il y a le côté émotionnel et rationnel qu’il faut analyser. Nous espérons pouvoir vivre en paix à travers tout ça », a commenté M. Boudreault.

Ce dernier admet qu’il aurait souhaité la tenue du procès pour savoir exactement ce qui s’était passé le 22 mars. Il aurait ainsi également aimé entendre les policiers de la régie de police Richelieu-Saint-Laurent, qui ont fait l’objet d’une enquête indépendante, mais blanchi de toute accusation criminelle. « Mais nous n’avons pas la preuve, on a ce qu’on sait. Les procureurs, eux, l’ont. Nous respectons leur décision. »

Questionné à savoir s’il entreprendrait des poursuites au civil, M. Boudreault a indiqué que toutes les possibilités étaient envisagées.

Outre M. Boudreault, la belle-mère, la sœur et le copain de Daphné à l’époque ont également livré de poignants témoignages, illustrant le lourd chagrin qui les accompagne depuis le drame.

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