31 juillet 2019 - 16:02
À qui le conflit?
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Promis, c’est la dernière fois que je parle du Burundi. Faut dire que je tombe en vacances cette semaine. Merci!

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Une manifestation s’organise à Mont-Saint-Hilaire le 5 août prochain pour condamner le voyage du maire. Le problème, c’est que cette manifestation prend de plus en plus des allures de récupération politique.
Allons-y par étape. Partons tous avec la même prémisse : le voyage était une erreur et le maire Corriveau pourrait être instrumentalisé par le pouvoir en place. L’article de La Presse et ceux de notre journal ensuite devaient être publiés. Parfait.
Maintenant, des opposants aux maires condamnent ce voyage. Ils sont tout à fait légitimes de le faire.
Toutefois, plusieurs opposants semblent vouloir profiter de cette manifestation pour condamner la position du maire sur d’autres sujets, notamment le financement des institutions culturelles de la région. Je crois que ce mélange des dossiers est une erreur. Mais encore une fois, c’est le droit légitime de tout un chacun de manifester ou de militer pour ses idées.
Mais il faut comprendre que le danger de cette manifestation est plus pernicieux. Elle se prépare sur un fond de lutte ethnique.
Vous vous souvenez sûrement du génocide rwandais, qui opposait (je simplifie) les communautés hutue et tutsie. Ces deux communautés ont aussi été plongées au cœur d’une guerre civile au Burundi, le pays voisin du Rwanda. Un conflit qui s’est déroulé de 1993 à 2005, mais qui continue encore aujourd’hui de diviser les Burundais entre opposants et pro régime. Un régime, rappelons-le, qui est dans la mire de la Cour pénale internationale pour des crimes inhumains.
Certaines voix burundaises au Canada condamnent férocement ce régime. Ce sont ces mêmes voix qui ont contacté le journal La Presse pour condamner le voyage d’Yves Corriveau et sa rencontre avec le président du pays, Pierre Nkurunziza.
Bien sûr, des partisans du régime, qui se disent plus modérés, ne voient pas les choses de la même façon. Non seulement ils sont moins critiques envers le pouvoir en place, mais ils condamnent aussi la manifestation du 5 août, accusant les « opposants radicaux » de faire de la récupération politique.
Mon but ici n’est pas de départager le vrai du faux ou de prendre parti. Je crois toutefois que l’erreur de M. Corriveau, qui implique indirectement la population de Mont-Saint-Hilaire, ne devrait pas être au centre de ce conflit qui, franchement, nous dépasse tous un peu, avouons-le.
Tant mieux si ce voyage nous a permis au Québec, et surtout dans la région, d’ouvrir les yeux sur la réalité difficile et cruelle des Burundais. Pour ça, je m’en réjouis.
Et je comprends que les opposants au président Nkurunziza veulent profiter de cette histoire pour nous permettre d’ouvrir les yeux sur le Burundi. Mais je pense maintenant que pour la suite des choses, on devrait laisser les Hilairemontais gérer eux-mêmes cette crise qui n’est peut-être pas si internationale que ça. Et ce, avec tout le respect que nous devons à la communauté burundaise pour les horreurs dont ils ont été victimes.

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