3 mai 2018 - 11:15
Violence verbale
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

De mémoire, je n’ai été témoin qu’une seule fois de la violence d’un élève envers un prof. Une violence verbale, avec une légère bousculade, qu’on sentait sur le point d’exploser en avalanche de coups.

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Je me souviens du prof, plus menu et chétif que le grand tata d’ado qui s’en prenait à lui. Je dis «tata», mais c’était plus un connard. Un individu que j’ai détesté à l’époque et que je déteste encore en ce moment juste en écrivant ces mots. Mais l’empoignade s’était bien terminée.
Mais de la violence physique, envers un enseignant, je n’ai jamais vu ça. On pourrait discuter de la sémantique du mot bousculade, mais acceptons pour le bien de la conversation que l’altercation était plus intense que violente.
C’est un peu pour ça que les résultats du sondage dévoilé la semaine dernière par le Syndicat de Champlain me chicotaient un peu. Loin de moi l’idée de vouloir remettre en doute les résultats du sondage ou certaines déclarations des enseignants de nos écoles, dont celles de la Commission scolaire des Patriotes. Selon le sondage, plus de la moitié des enseignants ont été victimes ou témoins d’un acte de violence.
Mais ça me dérange un peu que l’on fusionne dans une seule question du sondage le fait d’être une victime et d’être un témoin d’un acte de violence. Oui, il faut dénoncer les actes de violence, comme le mentionne le président du syndicat Éric Gingras, mais il faut toutefois distinguer les deux situations. Pour un même épisode de violence, tu peux avoir une victime et plusieurs témoins. En ne séparant pas les deux éléments dans deux questions distinctes dans le sondage, on gonfle la réalité de la violence physique, selon moi. Ça n’enlève rien au fait qu’il y en a trop, et mon intervention ne vise pas à banaliser le phénomène, au contraire. Mais, j’ai l’impression que le portrait n’est pas… juste.
J’ai sondé mes nombreux amis enseignants qui travaillent pour une autre commission scolaire. Ça n’a rien de scientifique, mais ils ont tous sourcillé devant la question de la violence physique. Oui, peut-être une fois, dit l’un d’eux. Un autre avoue avoir été brassé dans sa classe d’adaptation scolaire en voulant séparer une bagarre. Mais c’est pas mal tout.
Le pire, c’est la violence verbale. Là, leur expérience rejoint celle du sondage. «Pour la violence physique, un enseignant sur deux, c’est pas mal exagéré, dit l’un d’eux. Envers un enseignant, c’est plutôt rare et généralement les interventions sont assez rapides et efficaces. Par contre, pour la violence verbale, c’est tellement rendu banalisé que certains jeunes envoient chier des profs ou des intervenants sans conséquence parce que ce n’est “pas si grave que ça” selon la direction.»
Un autre ajoute: «La violence verbale est régulièrement banalisée. Il y a peu de conséquences imposées à la suite des impolitesses des jeunes.»
Voilà, je n’ai pas grand-chose d’autre à ajouter à ce que ma collègue rapporte dans son papier en page 3. Me demande vraiment où ces jeunes ont appris à banaliser toute cette violence dans les paroles. Bon, je commence quand même mon texte en traitant un gars de connard…

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