14 juillet 2015 - 00:00
Une femme de 77 ans évincée de son logement
Par: L'Oeil Régional
Solange Borduas

Solange Borduas

Sans famille et seule, une dame de 77 ans se voit évincer de son habitation à loyer modique (HLM) pour des raisons, aux dires de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Beloeil, de malpropreté, de mauvaises odeurs et de non-respect des règlements de l’immeuble. Une amie blâme la direction de l’OMH d’agir de la mauvaise façon.

Publicité
Activer le son

Solange Borduas habite depuis deux ans et demi au HLM de la rue Dupré. L’OMH a fait une demande d’expulsion. Le 7 mai, la Régie du logement a entériné une entente entre l’OMH et Mme Borduas qui stipule que le bail prendra fin le 30 juin 2015 et que la locataire devra quitter son logement.

Mme Borduas dit avoir signé ce consentement de «façon involontaire et non éclairée». «J’ai déjà été victime d’un ACV et le jour du procès j’ai ressenti les mêmes symptômes que lors de mon ACV et j’ai eu peur de faire une seconde crise cardiaque. […] J’ai seulement signé le consentement dans le but de terminer la journée d’audience le plus rapidement possible, sans avoir à subir les foudres d’un second ACV», écrit-elle dans sa requête d’appel.

La Cour du Québec a dernièrement rejeté sa demande d’appel.  À quelques jours de son éviction, Solange Borduas n’a trouvé aucun logement.

Son médecin demande un délai supplémentaire de trois mois avant de quitter son loyer actuel en raison de son hypertension artérielle. «Ce stress inutile peut lui causer un AVC ou un infarctus qui pourrait lui être fatal», écrit-il dans son ordonnance.

Pas l’aide adéquate

Une amie de Solange Borduas, qui préfère garder l’anonymat par peur de représailles, ne reproche pas à la direction de vouloir régler la situation de «malpropreté», mais blâme leur façon de faire. Selon elle, la septuagénaire a besoin d’aide. Elle dit que Mme Borduas a un problème d’accumulation excessive d’objets.

«Elle n’a pas eu l’aide adéquate. Même si elle change de logement, le problème ne se réglera pas», déplore-t-elle.

Une connaissance de Mme Borduas précise que ce n’est pas malpropre chez elle. «On ne met pas quelqu’un à la porte parce qu’il accumulent des choses.»

En 2013, l’OMH de Beloeil avait aussi demandé l’expulsion de Mme Borduas à  la suite d’un incident impliquant son chien qui aurait mordu une voisine.

Le juge de la Régie a toutefois débouté l’OMH, en février 2014, et a conclu que Mme Borduas pouvait garder son chien puisqu’il représente une forme de zoothérapie pour elle.

Des boîtes pour déménager

La directrice de l’OMH, Anik Dionne, assure avoir apporté de l’aide à Mme Borduas en demandant l’intervention du CLSC des Patriotes. Toutefois, elle ne connaît pas la teneur de leurs interventions. «Ils nous tiennent pas au courant. C’est confidentiel», indique Mme Dionne.

Celle-ci assure aussi que l’OMH a fait appel au CLSC des Patriotes pour l’aider à trouver un nouveau logement. «Et nous, on lui a acheté des boîtes. Elle l’a l’aide d’un organisme aussi pour faire les boîtes.»

Mme Dionne n’a pas l’intention de respecter l’ordonnance du médecin de Mme Borduas. «Ça, ça renouvellerait son bail. Il nous demande de laisser tomber le jugement.»

Hospitalisée depuis jeudi soir dernier, Mme Borduas n’a pas encore quitté son logement. L’OMH attendra sa sortie d’hôpital avant de demander un bref d’expulsion. Une fois obtenu, Mme Borduas aura 48 heures pour quitter.

image