19 octobre 2020 - 08:41
CISSS
Un syndicat craint une deuxième vague psychosociale
Par: Sarah-Eve Charland

Joël Bélanger et Émilie Charbonneau, de l’APTS, ont effectué une tournée dans les établissements de santé pour sonder les membres professionnels et techniques de la santé. Photo gracieuseté

La deuxième vague de la COVID-19 pourrait bien prendre des airs de crise psychosociale, craint l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Une crise à laquelle les établissements de santé ne sont pas préparés à faire face, estime le syndicat.

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« La première vague a touché les CHSLD. C’était problématique. Tout le monde sait que c’est une crise psychosociale qui s’en vient. Il y a beaucoup de gens qui ont perdu des emplois, il y a des problématiques de couple, des conflits familiaux, de la violence conjugale, de la toxicomanie. […] Comment va-t-on répondre à ce besoin-là? On ne le sait pas », s’inquiète Joël Bélanger, de l’APTS.

Alors que l’APTS croit que les visites au CLSC ont augmenté, les données du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est démontrent le contraire. Le nombre de demandes à l’accueil psychosocial du CLSC des Patriotes s’est élevé à 1390 de janvier à septembre 2020. Pour la même période en 2019, les demandes atteignaient 1894.

Le syndicat a effectué une tournée dans les établissements du CISSS de la Montérégie-Est en août et a fait un arrêt au CLSC des Patriotes à Belœil. En plus de tâter le terrain au sujet des conditions de travail, il a aussi fait état des négociations nationales liées au renouvellement de la convention collective qui sont au beau fixe.

Ligne téléphonique

Le syndicat s’inquiète de plusieurs décisions du CISSS, dont celle touchant la centralisation des appels de l’accueil psychosocial qui devrait se réaliser bientôt pour les CLSC de Belœil, de Saint-Hyacinthe et d’Acton Vale. Les citoyens de la région qui tenteront de joindre le CLSC des Patriotes à Belœil pourraient bien tomber sur un intervenant situé ailleurs en Montérégie quand une ligne téléphonique unique sera installée.

« On sait qu’un homme en détresse, qui demande de l’aide, il faut lui ouvrir la porte maintenant pour qu’il vienne te voir parce que demain, il va avoir changé d’idée. Tu dois lui présenter tes services là et lui dire qu’il est à la bonne place. […] Je sais que dans le RLS Saint-Hyacinthe, qui couvre Belœil et Acton Vale, il y a un problème au niveau du personnel dans ces trois accueils, ce qui fait qu’ils s’organisent déjà par boîte vocale. L’accueil psychosocial, c’est la porte d’entrée du réseau. Ça prend des gens qui connaissent l’offre de services, qui connaissent les services à la population et les organismes communautaires pour bien diriger les gens. Toute cette expertise-là est en train de disparaître », dénonce M. Bélanger.

Le porte-parole du CISSS de la Montérégie-Est, Hugo Bourgoin, souligne que l’utilisation d’une boîte vocale au CLSC de Belœil n’est pas nouvelle et n’est pas reliée à une pénurie de main-d’œuvre. Il ajoute que le contexte de la COVID-19 oblige l’agente administrative à communiquer avec tous les usagers avant leur rendez-vous afin de vérifier s’ils présentent des symptômes. Ces appels prennent beaucoup de temps, laissant ainsi moins de temps pour répondre aux appels en temps réel, mentionne M. Bourgoin.

« Tous les messages urgents laissés sur la boîte vocale sont retournés rapidement, alors que les autres messages font l’objet d’une analyse pour déterminer leur degré de priorité. Dans un souci de réduire le délai de retour des messages moins urgents, deux employés sont actuellement en orientation au CLSC de Belœil et seront sous peu en mesure d’intégrer l’équipe pour lui prêter main-forte », affirme le porte-parole du CISSS.

Le CISSS de la Montérégie-Est ne connaît pas encore le moment où le nouveau système téléphonique sera mis en place. M. Bourgoin assure que l’organisation est prête à faire face à la deuxième vague sur le plan psychosocial. « Le CISSS de la Montérégie-Est est conscient que la situationque nous connaissons depuis le printemps dernier peut susciter du stress, de l’anxiétéet certaines difficultés pour plusieurs personnes. Comme lors de la première vague, notre établissement est prêt à y faire face en collaboration avec l’ensemble des partenaires de la communauté. »

Il rappelle que toute personne ayant besoin d’aide psychosociale peut communiquer avec le service d’Accueil psychosocialdu CLSC des Patriotes au 450 536-2572 afin d’être supportée et orientée vers les ressources adaptées à sa situation.

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