7 juillet 2021 - 14:58
Surplus d’opposition
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En annonçant sa candidature cette semaine, Yves Deshaies devient officiellement le cinquième candidat à la mairie de Beloeil pour les élections municipales de novembre prochain. La bonne nouvelle, c’est que la vie démocratique n’aura jamais été aussi forte à Beloeil. Toutefois, ça ne changera peut-être pas grand-chose à la fin. Décortiquons.

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La mairesse sortante Diane Lavoie affrontera Nadine Viau, une ancienne employée de la Ville, Luc Cossette, un conseiller municipal sortant et ancien membre du Parti des citoyens, Yves Deshaies, le nouveau chef du Parti des citoyens, et Réginald Gagnon, un ancien de l’équipe Lavoie devenu candidat indépendant et maintenant chef de son propre parti. Cinq candidats, et donc cinq équipes, ce qui se traduit par un nombre de candidats records pour notre petite ville de 20 000 habitants.

Cet élan démocratique risque toutefois de favoriser Diane Lavoie. Oui, le vent de changement pourrait se traduire ironiquement par un renforcement du statu quo. Les politicologues savent qu’au Québec, les élus sortants comme Mme Lavoie sont favorisés. D’abord, parce que c’est une tendance lourde. En 2009, dans les villes de plus de 100 000 habitants, le taux de réélection des candidats sortants était de 82,5 %. En 2013, ce taux a légèrement diminué, passant à 77,5 %. Oui, Beloeil est une plus petite ville. Mais depuis 2009, la situation est semblable ici. Comme élue sortante, Mme Lavoie a remporté ses élections en 2009 (59,5 % des voix), en 2013 (60,4 %) et en 2017 (59 %).

Ce qui favorise aussi les élus sortants, c’est le faible taux de participation aux élections municipales. À Beloeil, en 2013, seuls 44 % des résidents habiles à voter se sont déplacés aux urnes; même chose en 2017.

Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, le professeur associé du département de sciences politiques de Calgary, Jack Lucas, souligne que les électeurs au niveau municipal « offrent le bénéfice du doute à une personne qui a déjà été élue et qui occupe déjà la fonction en estimant qu’elle ne doit pas être si mauvaise ».

Ceux qui voudront du changement auront l’embarras du choix. Les quatre nouveaux candidats se retrouveront donc peut-être à se partager les voix que Mme Lavoie n’ira pas chercher, ce qui divisera encore plus le vote.

Selon M. Lucas, les candidats peuvent renverser la vapeur si l’information à propos d’eux circule beaucoup. Tout n’est donc pas perdu pour les nouveaux venus. Tant mieux. Mais encore là, il faudra se démarquer parmi trois autres adversaires, puis mener une forte campagne contre la mairesse sortante.

Et je me répète, mais on parle d’une mairesse qui doit défendre un bilan… qui est loin d’être catastrophique. Je n’ai aucun parti pris; je regarde la situation froidement. Le Parti des citoyens n’a pas réussi en 2017 à déloger la mairesse sortante, même en canalisant toute la grogne autour du projet de la piscine. Alors, sur quoi les nouveaux candidats peuvent-ils frapper? Le Golf? Non, la mairesse a clos le dossier, même si c’est temporaire. Ok, les rues sont plus ou moins bien déneigées et la nouvelle collecte des déchets ne fait pas que des heureux. Mais est-ce suffisant pour qu’un citoyen moyennement politisé prenne le temps d’aller manifester sa colère aux urnes en novembre? À vous de me le dire.

J’ai quand même un petit souhait. J’aimerais que les conseillers municipaux proviennent de toutes les équipes. Nous aurions peut-être enfin à Beloeil un peu de divergence au sein du conseil.

Ça serait rafraîchissant!

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