21 mars 2018 - 07:17
Saint-Antoine-sur-Richelieu défie les statistiques
Quatre pompières dans le feu de l’action
Par: Karine Guillet

photo Karine Guillet

Peu de casernes peuvent se vanter d’avoir beaucoup de femmes dans leurs rangs. C’est pourtant le cas à Saint-Antoine-sur-Richelieu, qui compte quatre pompières parmi ses 24 sapeurs. Même si le métier est traditionnellement masculin, en fin de compte, le genre n’a que peu d’importance au sein de cette fraternité tissée serrée.

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Selon les statistiques du ministère de la Sécurité publique, 3,1 % des emplois en sécurité incendie étaient occupés par des femmes en 2014. Chez les pompiers, ce ratio diminuait à 2,4 %. À Saint-Antoine, les femmes représentent 15 % de l’effectif.
Linda Marcoux a joint les rangs de la caserne il y a 16 ans. Celle qui avait toujours rêvé de devenir policière a eu un coup de cœur pour la profession en raison du défi. Malorie Martin a pour sa part intégré la caserne il y a un an. D’abord attirée par l’armée, cette diplômée de l’Académie des pompiers a voulu exercer le métier lorsqu’elle a découvert l’étendue des tâches qui incombaient aux pompiers. «Il fallait que je sois dans l’action. Je ne pouvais pas être derrière un bureau. Il fallait que je sauve des vies», explique-t-elle.
Au quotidien, il n’y a pas de différence entre elles et leurs collègues masculins, disent-elles. Ceux-ci se montrent d’ailleurs toujours respectueux, assurent-elles, voire même parfois protecteurs. «Aujourd’hui, on ne devrait plus regarder si une femme est capable de faire le métier d’un homme. On ne devrait pas dire ça ni dire que pompier, c’est un métier d’homme. Pour moi, c’est un métier, point», explique Mme Marcoux.

Modèles
Pour le chef de la caserne, Mathieu Lachance, le fait d’avoir des pompières dans ses rangs est assurément un atout, rendant la caserne plus représentative de sa communauté. C’est sans compter qu’elles dynamisent aussi le milieu, estime-t-il. «Il y a des jeunes ici. J’aime démontrer que ce n’est pas qu’un métier rattaché aux hommes. Ces femmes-là, si elles croisent une jeune et que la jeune, c’est son rêve, elle va se dire que c’est possible et qu’il y a en d’autres qui le font», lance-t-il.
«C’est sûr qu’on est des modèles, que ça encourage [les filles], renchérit Mme Martin. Ce n’est pas parce que tu es une fille [que tu ne peux pas le faire]. Rien n’est impossible.»

Pas un enjeu de force
Les deux pompières se sont déjà fait dire qu’elles n’étaient pas assez fortes pour être pompières; un commentaire qui vient la plupart du temps de l’extérieur plutôt que des collègues de travail.
D’ailleurs, Mme Marcoux rappelle que l’enjeu de la force est autant un défi pour les hommes que les femmes, qui sont appelés à soulever de lourdes charges, comme des corps inertes. L’important est de trouver la bonne méthode pour ne pas se blesser. Elle se rappelle d’ailleurs d’un grand et costaud pompier qui doutait de sa force. «J’ai développé une technique. Je l’ai mis sur une couverte et j’ai tiré la couverte. Pour moi, j’avais relevé le défi», dit-elle.
«Si un de nos collègues tombe, il faut que je le dise, mais il faut aussi que je le ramène, renchérit sa collègue. Je ne vais jamais me dire que j’ai moins de force qu’un gars. Un gars c’est plus fort, naturellement, mais la fille est autant capable de faire la même chose.»
La profession a d’ailleurs beaucoup évolué depuis les dernières années. Alors que le métier était auparavant principalement physique, les combattants du feu doivent aujourd’hui utiliser aussi leurs connaissances pour déterminer l’origine d’un feu et sa propagation dans un bâtiment. L’équipement de combat s’est aussi allégé, un atout autant pour les femmes que les hommes.
M. Lachance estime que les casernes doivent avant tout miser sur la promotion de l’égalité des sexes pour attirer des femmes. Si le recrutement est un enjeu pour les petites municipalités, Saint-Antoine spécifie dans ses embauches que le poste est ouvert tant aux hommes qu’aux femmes.

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