13 Décembre 2017 - 06:47
Nos journalistes testés pour l’alcool au volant
Par: Karine Guillet

Nos journalistes ont aussi testé un alcootest en vente libre. photo:François Larivière

La salle utilisée pour faire passer les tests aux conducteurs fautifs est munie d’une caméra et d’un microphone qui peuvent servir de preuves. C’est aussi dans cette salle que les policiers prennent les empreintes des conducteurs qui échouent l’ivressomètre. Photo : François Larivière

L’âge, le sexe et le poids sont des facteurs qui influencent notamment le taux d’alcoolémie chez une personne. Photo: François Larivière.

Photo: François Larivière.

Alors que la saison des partys des Fêtes est déjà débutée, nos journalistes se sont prêtés au test de l’ivressomètre avec la Régie de police Richelieu-Saint-Laurent (RIPSL). Constat : nos deux cobayes ont été surpris de constater que leur taux d’alcoolémie était inférieur à ce qu’ils ressentaient.

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Afin de passer le test, les deux journalistes Karine Guillet et Vincent Guilbault ont d’abord ingéré les quantités d’alcool convenues avec les agents de la paix avant d’être reconduits par un chauffeur sobre. Après avoir consommé l’équivalent de 6 et 9 onces de rhum (4 et 6 consommations) en une heure , les deux journalistes constatent qu’ils ressentent les effets de l’alcool et qu’ils n’utiliseraient pas leur véhicule.

Épreuves de coordination

Au poste de police, les deux cobayes ont d’abord été conduits vers le garage où ils devaient passer trois épreuves de coordination. Déjà avant de passer les tests, les policiers peuvent déjà voir si un conducteur est en capacités affaiblies en demandant, par exemple, de trouver le permis de conduire. La rapidité à laquelle le suspect trouve son permis, si déjà il remet la bonne pièce d’identité, peut déjà trahir la présence d’alcool.

L’ensemble des policiers patrouilleurs de la Régie a reçu la formation pour conduire ces épreuves prévues dans le Code criminel. Elles servent à déceler tant la présence d’alcool que de drogues ou des capacités affaiblies, précise Yves Bossé, qui a formé l’ensemble des agents. Ces tests ne sont toutefois pas nécessaires si un policier a des motifs raisonnables de faire passer un alcootest. De même, un suspect qui échoue à ces tests est envoyé directement au poste de police.

Des échecs

Il est près de 13h30 lorsque les journalistes entament les tests, soit près d’une heure après leur dernière consommation. Tour à tour, l’agent évalue la capacité de concentration, de coordinations à travers le test de nystagmus (mouvement saccadé involontaire des yeux), un test de démarche consistant à marcher sur une ligne droite et à se retourner, puis à se tenir en équilibre sur un pied.

Au-delà des épreuves de coordination, ces tests servent aussi à mesurer la capacité de concentration du sujet. Avant de commencer le test, le policier note déjà des signes d’impatience chez nos suspects tandis qu’il lit les consignes, un signe qui trahit la présence d’alcool. Pour nos cobayes, il s’avère aussi parfois difficile de suivre les instructions, alors qu’ils démarrent parfois avant d’avoir eu la consigne

Les journalistes ont un échec à deux et trois des tests, même si Vincent note qu’il se croyait davantage en contrôle que la réalité. Dans les deux cas, marcher en ligne droite s’est avéré laborieux, demandant un grand effort de concentration. Les deux journalistes sont convaincus qu’ils sont inaptes à la conduite, tout comme les agents qui les amènent vers l’ivressomètre.

Ivressomètre

Vers 14h, les faux suspects ont d’abord passé l’alcootest utilisé lors des barrages routiers. Au niveau légal, un conducteur ne peut pas refuser de souffler dans l’ivressomètre ou de passer un test de coordination sous peine d’infraction criminelle.

Cet alcootest a trois niveaux, indiquant si le suspect respecte la limite, s’il s’approche de la limite tolérée (warn) ou s’il est au-delà de la limite (fail). Dans nos deux cas, l’appareil indique «warn», une heure et demie après la dernière consommation.

Les policiers procèdent alors au véritable test ivressomètre avec une machine calibrée. À la grande surprise de nos cobayes, ils testent 0,066 mg/100 ml pour Karine et 0,081 mg/100 ml pour Vincent. Les journalistes sont surpris puisqu’ils évaluent tous deux qu’ils seraient un danger sur la route. L’accompagnateur est également surpris du résultat, croyant que les deux journalistes dépassaient la limite légale.

Selon une étude menée par CROP pour le compte d’Éduc’alcool, un conducteur sur dix en Montérégie affirme avoir déjà pris le volant alors qu’il avait consommé au-delà de la limite permise par la loi au cours de la dernière année. Près du trois quarts des Montérégiens (72 %) estiment que la limite établie à 0,08 % est juste assez sévère et 80 % d’entre eux pensent que de conduire après avoir abusé de l’alcool est criminel.

Un conducteur fautif doit ensuite fournir ses empreintes à la police. Les policiers l’amèneraient ensuite dans une salle de détention, où on lirait ses droits au conducteur. Le permis de conduire est immédiatement révoqué pour trois mois. Dans le cas où le taux d’alcoolémie dépasse 0,160 %, le véhicule est aussi immédiatement saisi. S’il est trouvé coupable, il perdra par la suite son permis de conduire pendant un an, ou dans certains cas, trois mois s’il défraie les coûts pour l’installation d’un éthylomètre.

En diminution

L’an dernier, la RIPSL a intercepté 299 conducteurs pour conduites avec les capacités affaiblies, une diminution par de 10 % par rapport à 2015. L’année 2015 avait toutefois été marquée par une hausse de ce type de délit, après trois années de diminution constante.

Alcootests en vente libre

Les deux journalistes ont également tenté de mesurer leur taux d’alcoolémie avec un alcootest en vente libre de la Société des Alcools du Québec. L’appareil de prévention indique à l’usager son taux d’alcoolémie à l’aide d’un code de couleur. Le test indiquait aux deux journalistes que leur taux d’alcoolémie se situait à 0.08 % et plus.

Les sujets notent toutefois qu’il a été difficile de comprendre le fonctionnement de l’appareil. Un des deux journalistes a même soufflé au mauvais endroit. Interpréter le code de couleur a également été difficile. (photo:François Larivière)

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