23 janvier 2019 - 16:10
L’urgence relative
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

À leur demande, j’ai accepté de rencontrer Nelly Vidal, Lucie Durand et François Tardif pour discuter du projet de centre-ville sur la rue Saint-Georges. Les deux femmes sont les propriétaires de l’épicerie L’Eau-Vive, tandis que M. Tardif possède la boulangerie Le Pain dans les Voiles. Deux commerces qui subiront les impacts de l’arrivée d’un complexe locatif et d’une épicerie sur leur rue.

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« Ce n’est pas le bon projet à la bonne place », a tout simplement résumé M. Tardif, qui peine à concevoir l’urgence de la situation. Car le projet dans sa forme actuelle signifie tout simplement la mort de son commerce, affirme-t-il. Pourquoi? D’abord en raison du stationnement. C’est déjà une lutte à la case. Et avec le projet d’Odacité, le commerçant perdrait ses cases en devanture de magasin, ce qui serait catastrophique pour une boulangerie, un endroit où les clients veulent rapidement se stationner, acheter et partir.
Les deux propriétaires de L’Eau-Vive, sans sonner le glas de leur entreprise, parlent tout de même d’irritants majeurs, allant du manque de stationnement à la présence d’un commerce bien plus haut qui s’installerait à côté de leur bâtisse. On est loin du commerce « à échelle humaine » ou « de proximité » que la Ville promet, pensent-elles.
Je ne cherche pas ici à prendre parti. Malgré quelques réserves, je souhaite la réussite de ce projet, même si ce n’est peut-être pas sous la forme présentée. Mais tout semble avoir été fait tellement rapidement. Les trois commerçants, qui ont une belle présence à Mont-Saint-Hilaire, se sentent peu consultés, tassés dans le coin et à la limite emmerdants pour la Ville et les entrepreneurs impliqués dans le projet. Et c’est un peu pour ça que la conseillère municipale Christine Imbault a changé son fusil d’épaule à la dernière minute en s’opposant, pour le moment, au projet actuel. C’est peut-être sa fibre d’entrepreneur au Manoir Rouville-Campbell qui la rend empathique à la cause des commerçants de Saint-Georges.
Pendant la discussion, les trois commerçants ont dit que « tous les scénarios » étaient sur la table pour la suite des choses. Qu’est-ce que ça veut dire? Que le béton n’est pas si important et que les commerces pourraient même aller jusqu’à déménager. Ils étaient inconfortables de discuter de l’idée. Et ils nous ont assurés que ce n’était pas envisagé pour le moment. Mais juste d’en parler, ça illustre bien l’écœurement, les craintes. M. Tardif est de cet âge où l’on se préoccupe des questions de retraites. Il doit revoir un peu ses plans en ce moment. Il admet que sa relève potentielle est un peu frileuse…
Et comment faire taire la machine à rumeurs dans ce dossier? Le bail du IGA arrive à terme et un déménagement ou un renouvellement de bail s’imposeront; le directeur général de la Ville a quitté son poste avant la fin de son mandat; le directeur de l’urbanisme aussi, de façon moins transparente. Une conseillère a changé d’idée. Et le projet est sur le fast track alors que, dans le fond, est-ce que c’est si urgent? Ça donne tellement de munitions aux opposants qu’ils ne doivent même plus savoir où tirer!
Les trois commerçants ont une proposition pour les gens de la Ville. Peut-être serait-il sage de les écouter et de ralentir un peu ce projet qui va changer la face de Mont-Saint-Hilaire.
Pour conclure, M. Tardif a utilisé une autre image pendant notre rencontre. « Un déni de la réalité ». Faites-en ce que vous voulez.

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