8 mai 2019 - 14:15
Auteure derrière Les Chevaliers d’Émeraude
L’inspiration toujours au rendez-vous pour Anne Robillard
Par: Olivier Dénommée
Au moment de l’entrevue, Anne Robillard s’apprêtait à participer au lancement de Chevaliers d’Émeraude, Épisode 2 : Kira, à la Librairie Moderne de Saint-Jean-sur-Richelieu. Depuis cette rencontre, la prolifique auteure a ajouté le tome 1 de La malédiction des Dragensblöt à sa collection et a l’intention de faire paraître d’autres livres d’ici la fin de l’année.
Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Au moment de l’entrevue, Anne Robillard s’apprêtait à participer au lancement de Chevaliers d’Émeraude, Épisode 2 : Kira, à la Librairie Moderne de Saint-Jean-sur-Richelieu. Depuis cette rencontre, la prolifique auteure a ajouté le tome 1 de La malédiction des Dragensblöt à sa collection et a l’intention de faire paraître d’autres livres d’ici la fin de l’année. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La plupart des amateurs de romans fantastiques de tous âges connaissent bien le nom d’Anne Robillard, prolifique auteure qui a publié plus de 70 romans depuis 17 ans et qui connaît un énorme succès au Québec comme en France. Mais peu savent qu’elle est résidente de Mont-Saint-Hilaire, où elle demeure depuis 7 ans et où elle a écrit une bonne partie de ses livres. L’Œil Régional a profité de la sortie de Chevaliers d’Émeraude, Épisode 2 : Kira, bande dessinée mise en images par Tiburce Oger et publiée aux éditions Michel Lafon, pour rencontrer l’auteure et parler de son parcours.

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« Jamais de ma vie je n’aurais cru que ça se rende là », répond directement Anne Robillard lorsqu’on lui demande si elle pensait que Les Chevaliers d’Émeraude et ses suites (Les Héritiers d’Enkidiev et Les Chevaliers d’Antarès) auraient le succès qu’on leur connaît aujourd’hui. « J’ai déjà publié 36 tomes juste des Chevaliers, où on suit toujours Wellan et Kira, j’ai eu bien du fun, et ce n’est pas fini parce que je n’ai pas de limite! »
Le succès a été aussi rapide qu’intense pour Anne Robillard, qui a abandonné son emploi dès 2005 pour se consacrer à temps plein à l’écriture, sa grande passion. Un choix qu’elle n’a jamais regretté. « Cela fait 45 romans qui se retrouvent sur les palmarès… Il doit y avoir quelque chose que je fais bien », lance tout sourire la prolifique auteure. « J’ai des planètes rapides [en référence à l’astrologie], alors quand j’entreprends quelque chose, je le fais vite, mais je le fais bien », explique celle qui se décrit comme un dinosaure qui écrit toujours ses histoires au stylo.

Rien ne l’arrête
Il y a quelques années, Anne Robillard a reçu un diagnostic de cancer qui a mené à une stomie du colon il y a deux ans. Elle vit maintenant avec « Henri », son sac de stomie qui l’a forcée à arrêter certaines activités… mais qui ne peut pas l’empêcher d’écrire. « Un mois après mon retour de l’opération, j’ai repris l’écriture. Je ne peux plus faire tout ce que je veux, alors il me reste le travail. Et à 64 ans, je vais en créer des choses avant de partir! », lance Anne Robillard, qui avoue avoir accéléré le rythme depuis son déménagement dans un quartier aussi tranquille qu’inspirant de Mont-Saint-Hilaire.
Pas même ses démêlés judiciaires avec les Éditions de Mortagne qui durent depuis 2012 après que des livres aient été vendus au rabais dans un Dollarama pendant qu’ils se trouvaient encore en librairie n’ont éteint sa flamme créatrice : au contraire, Anne Robillard s’est depuis lancée à compte d’auteure avec sa sœur et une petite équipe tissée serrée pour publier ses écrits.
Le rythme est d’ailleurs loin de ralentir : l’auteure a publié récemment un « livre unique », Les Chevaliers d’Épée, chose que personne ne croyait possible venant de celle qui multiplie les tomes dans ses nombreuses séries à succès, et la sortie d’un premier tome pour une nouvelle série intitulée La malédiction des Dragensblöt. « Ce sera une série de sept tomes, prédit-elle. C’est une série sur les fantômes remontant à 1066 jusqu’à aujourd’hui que j’ai rêvée en 2001 et que je n’ai jamais eu le temps d’écrire! J’ai décidé d’arrêter mes autres séries pour me consacrer à celle-ci. Après, je reviendrai aux Chevaliers et au culte de Wellan », promet-elle.

Sous toutes les formes
Les Chevaliers d’Émeraude et ses suites ont connu différentes adaptations au fil des années. Après une pièce de théâtre en 2008 et une première série inachevée de bandes dessinées chez Casterman, les Éditions Michel Lafon a proposé de relancer une nouvelle série de bandes dessinées, dont le second tome est paru en mars. « Une BD, c’est l’histoire en abrégé, ce qui permet à ceux qui lisent peu d’entrer dans l’histoire des Chevaliers et, pour les lecteurs assidus, de mettre un visuel sur l’histoire. Mais il faudra être patient pour la prochaine bande dessinée parce que l’illustrateur Tiburce Oger est occupé avec d’autres contrats », prévient Anne Robillard.
Elle consacre aussi beaucoup de temps à l’écriture de scripts qui pourront être utilisés à la télé, et précise que des pitchs ont été faits pour le cinéma, mais sans qu’elle soit consultée pour le moment. « Si vous voulez faire une adaptation des Chevaliers d’Émeraude à l’écran, c’est important de ne rien changer parce que tout est tissé tellement serré que, si vous enlevez une maille, il n’y a plus de foulard », illustre l’auteure. Pour le moment, elle consacre du temps à l’adaptation d’A.N.G.E., série fantastique s’intéressant à l’ésotérisme et aux prophéties de fin du monde, dont une version à la télé a été annoncée l’année dernière.
Anne Robillard promet aussi d’arriver sous peu avec un livre compagnon pour Les Chevaliers d’Émeraude, qu’elle espère lancer dès cet automne. « On nous l’a demandé et on a écouté », résume-t-elle, souriante.

Proche de ses lecteurs
Anne Robillard n’est pas qu’une auteure prolifique et populaire, mais c’est aussi une dame extrêmement proche de son public. En entrevue, elle a raconté plusieurs anecdotes touchantes qui ont marqué ses 17 dernières années. « Avant que j’écrive le tome 12 des Chevaliers d’Émeraude, une dame m’a demandé si c’était possible d’obtenir le manuscrit pour que son mari mourant puisse connaître la fin avant de partir. Comme je n’avais encore rien écrit, je me suis rendue à son chevet et je lui ai raconté l’histoire que j’avais en tête. Il est mort la fin de semaine d’après », raconte-t-elle. Elle a aussi causé la surprise d’une jeune lectrice dont la famille n’avait pas les moyens de se procurer ses livres en apportant chez elle la collection complète. « J’essaie de changer le monde petit peu par petit peu », résume l’Hilairemontaise.
Malgré sa bibliographie déjà imposante, Anne Robillard promet de poursuivre sa « mission » d’auteure, qui est selon elle d’éduquer les gens aux conséquences de nos actes. « Dans mes histoires, il y a toujours un personnage qui fait quelque chose qui n’a pas d’allure pour montrer les conséquences que ça peut avoir. C’est parfois un peu moralisateur, mais c’est fait de façon comique. » Sa mission, c’est aussi de donner une dose de magie à ceux qui en ont besoin, peu importe leur âge. Jusqu’à présent, elle semble avoir atteint sa cible!

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