15 juillet 2021 - 13:39
L’industrie du mariage attend impatiemment de pouvoir entendre « oui, je le veux »
Par: Denis Bélanger
Sabrina Pantaloni avec son appareil photo devant l’église Saint-Matthieu dans le Vieux-Belœil. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©�

Sabrina Pantaloni avec son appareil photo devant l’église Saint-Matthieu dans le Vieux-Belœil. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La célèbre phrase associée aux noces, « Pour le meilleur et pour le pire », résume très bien ce que plusieurs artisans de l’industrie du mariage ont vécu au cours des 16 derniers mois. Et la traversée du désert n’est pas encore terminée pour ces entreprises, ainsi que pour les futurs mariés, qui risquent de devoir attendre encore des mois avant que les autorités permettent de grandes réceptions.

Publicité
Activer le son

La pandémie a fait perdre aux entreprises quelques clients qui ont annulé leur mariage, comme le confirment quelques entrepreneurs. Certains clients ont voulu passer à autre chose après avoir reporté deux fois leurs noces ou leur réception, tandis que d’autres couples se sont malheureusement séparés. Des couples ont finalement décidé de se marier devant un célébrant et ils ont simplement reporté la réception.

Leur patience commence à s’étioler : « Certaines personnes n’ont plus le goût après tout ce temps. […] J’ai des clients qui ont réservé en 2017 ou en 2018 en vue de 2020. Ça commence à faire longtemps », commente la photographe et vidéographe Sabrina Pantaloni.

Actuellement, les réceptions de mariage ne peuvent accueillir que 50 personnes à l’extérieur et 25 à l’intérieur. « Ce n’est vraiment pas beaucoup de gens. Ceux qui se marient dans ces conditions sont vraiment déterminés à le faire », note Jessie Lalonde, la directrice ventes et marketing de l’hôtel Rive Gauche – Refuge Gourmand de Belœil.

Mme Pantaloni souhaiterait que le gouvernement apporte dès maintenant des assouplissements aux mesures sanitaires. Les permissions données entre autres pour les bals de finissants (250 personnes sous chapiteau extérieur) et les Canadiens de Montréal (3500 spectateurs au Centre Bell) la font grincer un peu des dents. « Les gens sont prêts à faire les efforts sanitaires pour réussir à avoir cette journée spéciale que représente le mariage.

Les gens sont responsables et écoutent les consignes. J’en ai fait l’an dernier et les gens l’ont apprécié. Malheureusement, il n’y a pas d’ouverture pour avoir plus de personnes aux réceptions. Ça fait une deuxième saison où nous ne pourrons pas travailler pleinement. »

Avant la COVID-19, Sabrina Pantaloni pouvait photographier entre 28 et 35 mariages par an. Cette année, c’est moins de 10 réceptions environ qui figurent à son agenda. « Heureusement, j’ai pu m’en sortir notamment grâce aux clients fidèles qui m’engagent pour des photos de maternité ou encore pour le premier anniversaire de l’enfant. »

La propriétaire de la boutique de robes Espace Blanc de Blancs, à McMasterville, Justine Alexandre, a elle aussi vu son chiffre d’affaires diminuer de façon importante. De plus, elle risque de devoir attendre au-delà de l’année 2022 pour voir un retour à la normale. « Nous roulons à 15 % à 20 % de notre chiffre d’affaires. Les gens qui ont reporté leur mariage à 2022 ont déjà [fait leurs achats]. Les robes de mariées et de cortège se font faire d’avance. C’est sûr qu’il y a les robes pour les mamans et celles des demoiselles d’honneur qui se font à la dernière minute. »

Justine Alexandre, d’Espace Blanc de Blancs. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La pandémie a eu aussi un impact important pour la propriétaire de la Boutique florale de Belœil, Kim Brodeur. L’événementiel, ce qui inclut les mariages, représentait de 35 % à 40 % de son chiffre d’affaires.

Elle a pris plusieurs décisions pour assurer la pérennité de son entreprise, dont celle de ne plus avoir de boutique afin de travailler seulement dans un atelier. « Sans événement, c’était difficile de payer le loyer. Aujourd’hui, je me tire quand même bien d’affaire. Mais j’ai hâte que l’événementiel reprenne », ajoute Mme Brodeur, dont le local était situé sur la 116.

De leur côté, les exploitants de salles de réception peuvent voir une certaine lumière au bout du tunnel, mais le carnet des réservations se remplira seulement en 2022. « Pour la période de mai à octobre, tous les samedis et les fériés sont bookés », admet le copropriétaire du Mouton Village de Saint-Charles-sur-Richelieu, Samuel Fontaine. « C’est très rose pour 2022. Plusieurs personnes qui devaient se marier cette année ou l’année dernière ont décidé de reporter la réception à 2022 », ajoute pour sa part la directrice des opérations du Manoir Rouville-Campbell de Mont-Saint-Hilaire, Julie Charbonneau.

Samuel Fontaine, du Mouton Village. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

2021 est imprévisible
Les réceptions de mariage prévues pour juillet et août se comptent sur les doigts de la main pour les différentes entreprises dépendantes de l’industrie du mariage. « Depuis la mi-juin, je rappelle mes clients qui ont reporté ou annulé leur mariage pour voir s’ils veulent le faire cette année, commente Samuel Fontaine. Les gens sont encore frileux dans un contexte de COVID-19 où le port du masque demeure obligatoire pour certaines situations. »

Et pour compliquer le tout, certains futurs mariés font le pari que le gouvernement apportera d’autres assouplissements cet automne. Certains n’hésitent donc pas à prévoir des réceptions avec un nombre d’invités supérieur à ce que la loi permet en ce moment.

« Ça demande toute une logistique pour nous, d’être à la dernière minute et de devoir nous revirer de bord pour respecter les règles. Nous ne pouvons pas faire des réceptions intérieures, et nous n’avons pas de place pour mettre un chapiteau à l’extérieur », fait remarquer Jessie Lalonde de l’hôtel Rive Gauche – Refuge Gourmand.

image