14 septembre 2017 - 10:51
Les TLM et l’éthique
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Les TLM. Toujours les Mêmes. L’expression des «TLM» est l’une de mes préférées pour expliquer la vie politique et communautaire, surtout sur la scène locale. Je l’ai déjà utilisée dans cette colonne.

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Par TLM, je parle des mêmes visages dans les conférences de presse, aux soirées de financement, aux soirées de chambre de commerce, sur les conseils d’administration, etc. Toujours les mêmes individus.

Prenons les soupers mis aux encans par le maire de Mont-Saint-Hilaire Yves Corriveau (page 07), pour remettre l’argent à des organismes communautaires. Noble idée, je le pense. Aussi très généreux de la part de l’homme d’affaires Christian Faubert d’avoir déboursé un bon montant à l’encan pour participer à ce souper. Rien ne l’obligeait à débourser 2600 $ pour ce repas.

Mais voilà, ça soulève des questions puisque c’est un cas classique de TLM. M. Faubert n’est pas un personnage «ordinaire» de notre communauté. D’abord ingénieur, il a été directeur à la firme Génivar, puis vice-président chez Habitations Trigone. Ces entreprises peuvent soumissionner sur des projets à Mont-Saint-Hilaire, ou demander des assouplissements réglementaires. M. Faubert a aussi été président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée du Richelieu, et il est aujourd’hui président du Festival d’été de Belœil.

Pour cette raison, le citoyen Henri Gazeau a mis en doute les motifs de M. Faubert de vouloir souper avec le maire. Puis, il s’en est pris, d’une certaine façon, à l’intégrité du maire Corriveau.

Bon, le souper en tête à tête n’a pas eu lieu finalement. Conseils juridiques en poche, M. Corriveau a décidé d’inviter simultanément tous ceux qui ont pris part à l’encan pour éviter apparence d’un conflit d’intérêts. Et à l’avenir, le maire ne mettra plus de souper à l’encan. Dommage, surtout pour les organismes; mais je comprends M. Corriveau.

L’exercice parle beaucoup toutefois sur l’existence des TLM. Et je ne le dis pas nécessairement de façon péjorative. Il est normal pour un organisme comme le Festival d’été de recruter en ses rangs M. Faubert, par exemple, si ce n’est que pour ses compétences en gestion. Un conseil d’administration, comme celui de la Chambre de commerce voudra élire à sa tête un homme ou une femme de contacts, détenant une connaissance du milieu des affaires. Je crois que M. Faubert possède ces qualités.

Éventuellement, sa prestance gonfle; plus il s’implique, plus on veut de lui. Plus il fait d’argent, plus il peut être généreux. Difficile de condamner le pattern.

Le problème, c’est notre petit monde. La région est petite, habitée de quelques dizaines de milliers de personnes. Les croisements entre personnalités politiques, communautaires et d’affaires sont inévitables.

Comme M. Gazeau, je peux sentir le malaise. Mais je peux difficilement imaginer une autre façon de penser notre politique locale. C’est peut-être pour cette raison que je suis moins inquisiteur que M. Gazeau dans ses propos. J’aimerais une politique locale plus blanche que blanche, mais c’est impossible. On doit toutefois rester vigilant et, même s’il peut paraître intense dans ses propos, féliciter des gens comme M. Gazeau de poser des questions.

Le plus triste dans cette histoire, c’est que des organismes de la région recevront moins d’argent en raison de cette vigilance. Vous savez ce qu’on dit à propos des œufs et des omelettes!

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