Mon indignation a débuté lorsque l’agent m’a interpellé en disant que j’allais être leur «première victime de la journée». Pardon? Je serais la victime de trois agents payés par mes impôts fonciers? N’acceptons-nous pas, comme citoyens, de les payer pour nous «servir et nous protéger»?
S’ensuit la vérification des équipements requis à bord: gilets de sauvetage évidemment, mais aussi sifflet, lampe de poche, etc. En plaisancier prudent, je suis persuadé que mon embarcation est réglementaire. Malchance, mon extincteur a perdu de sa pression, il n’affiche plus dans le segment vert. Je m’attends à un avertissement, j’offre de retourner chercher celui que j’ai à mon domicile.
Mais c’était sans soupçonner le zèle des policiers de la Régie. J’écope d’une amende salée de 271$! Cette somme m’apparaît complètement disproportionnée par rapport à une offense qui n’en est pas une. J’ajouterai que ce zèle s’ajoute aux tracas que les villes riveraines semblent vouloir donner aux plaisanciers et touristes, avec les contraintes liées à l’utilisation des rampes de mise à l’eau et aux stationnements tarifés et rigoureusement surveillés, notamment.
Cela constitue un énorme contraste par rapport à l’expérience vécue la semaine précédente, lors d’une semaine de plaisance dans les Mille-Îles entre l’Ontario et l’État de New York. Les villes y mettent gracieusement à disposition des plaisanciers de nombreux emplacements de quai avec des bénévoles afin d’aider à l’amarrage. Voilà qui encourage le tourisme! Les lieux d’hébergement, restaurants, musées, épiceries, stations-service, marinas, boutiques, etc., ne se trouvent qu’avantagés par cet apport financier.
L’an prochain, il y a fort à parier que j’irai naviguer ailleurs où les plaisanciers se sentent bienvenus, et ne sont pas vus comme une nuisance à contrôler, ou, pire, une ressource à exploiter à coup de contravention exagérée.
Finalement, en cette journée, la victime ne fut pas moi, mais plutôt le développement économique et touristique de la Vallée-du-Richelieu et l’idée d’une police de proximité, au service des citoyens.
Martin Gagnon