7 août 2019 - 07:25
Le maire Yves Corriveau appelé à démissionner
Par: Denis Bélanger

Entourée de collègues élus, la mairesse suppléante Brigitte Minier a expliqué la démission en bloc des conseillers. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Le désordre règne toujours au conseil municipal de Mont-Saint-Hilaire à la suite du dossier de l’échange au Burundi. Deux conseillers ont demandé formellement, à la séance ordinaire de lundi, la démission du maire Yves Corriveau. Absent à l’assemblée, le seul élu restant membre du Parti Avenir Hilairemontais a affirmé au journal qu’il avait l’intention ferme de rester en poste.

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Le conseiller Louis Toner, qui n’a jamais été membre de la formation politique du maire, et la conseillère Christine Imbeau, la première des cinq autres élus à quitter le navire, se sont prononcés en faveur du départ immédiat du maire. Jean-Pierre Brault, Sylvain Houle et Brigitte Minier, actuelle mairesse suppléante, ont préféré prendre un mois de recul pour y réfléchir davantage avant de se positionner sur le sujet. Le maire Yves Corriveau était encore en arrêt maladie et doit effectuer un retour au travail progressif dès le 7 août. De son côté, le conseiller Émile Grenon Gilbert était encore en vacances au moment de la réunion.

C’est un citoyen qui a demandé aux élus s’ils souhaitaient la démission d’Yves Corriveau. Une question faisant suite à l’intervention du président de l’Association des citoyens de Mont-Saint-Hilaire (ACSMH), Pierre Nault, qui a été le premier durant la soirée à « réclamer la tête » d’Yves Corriveau.

« À la suite d’une politique d’urbanisation qui ne correspond pas aux attentes des citoyens, de l’absence d’écoute des Hilairemontais qui souhaitent que le patrimoine naturel et historique soit préservé et, en surplus, des événements entourant la visite du maire au Burundi, nous nous interrogeons sur la capacité de celui-ci à prendre des décisions éclairées pour le bien collectif de la population à long terme », a ajouté M. Nault.

Interviewé le lendemain matin de l’assemblée publique, Yves Corriveau a indiqué qu’il y avait seulement deux personnes qui pouvaient le destituer. « La première personne est moi-même si je démissionne. L’autre est le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) pour un manquement à mon devoir. S’il y en a eu un, ce sera à lui de décider. En ce moment, il n’est pas question que je démissionne. Je n’ai tué personne, je n’ai pas fraudé, j’ai pris une mauvaise décision et les gens m’utilisent à partir de cela pour leurs propres fins. »

Si les conseillers peuvent demander la démission du maire, ils ne peuvent pas l’exiger comme l’a expliqué durant l’assemblée de lundi le directeur général de la Ville, Daniel-Éric St-Onge. « Le maire a été élu au suffrage, il est légitime de siéger. […] Le conseil ne peut pas non plus exiger au maire de ne pas se présenter au conseil. »

Des explications

Avant le début de la séance du conseil, Brigitte Minier, a lu la déclaration expliquant la démission du Parti Avenir Hilairemontais des quatre conseillers. À en déduire des propos, l’échange au Burundi aura été la goutte qui a fait déborder le vase.

« Nous avons tendu plusieurs perches au maire durant la dernière année au sujet de ses agissements, mais il ne les a pas saisies. Son comportement est devenu un problème pour nous tous, a notamment dit Mme Minier. Le maire a aussi réagi avec beaucoup d’agressivité à notre décision de révoquer l’entente du Burundi, au point de nous faire perdre toute confiance en lui. »

L’allocution a servi peu d’exemples concernant les agissements du maire. Les élus veulent prendre le temps d’analyser le tout avant d’élaborer davantage. Brigitte Minier a néanmoins révélé durant son discours que le maire a fait inclure à leur insu une prime de transition, laquelle aurait équivalu à deux ans de salaire. Elle a assuré que cette prime sera annulée.

« Pour nous, s’engager au nom des citoyennes et citoyens, c’est une question d’intégrité, de respect, de rigueur et de transparence. Nous sommes à l’aise d’agir à titre d’élus indépendants puisqu’aux dernières élections, chaque conseiller a obtenu une majorité au suffrage exprimé supérieure à celle du maire, pourtant le chef du parti », a-t-on également entendu. La déclaration complète est disponible sur le site internet du journal.

Le maire réplique

Yves Corriveau nie que les conseillers lui aient tendu la main et expliqué les points qui lui étaient reprochés. Pour ce qui concerne la prime de transition, il assure qu’il ignorait qu’elle était de deux ans. « Je l’ai appris lundi. Il y a eu un manquement quelque part, des précisions seront demandées. Je suis bien d’accord que c’est illogique deux ans. Une clause de transition, dans ma définition à moi, permet à un maire non retraité qui travaille et perd ses élections de bénéficier de quelques mois de salaire pour se replacer. C’est la moindre des choses que l’on peut faire comme annonce pour tout futur maire qui prend un risque professionnel. Cette clause pourrait se terminer facilement si, au bout de trois semaines, j’ai une job. Et ça ne devrait pas s’appliquer pour les maires retraités. »

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