15 mai 2020 - 17:57
Mont-Saint-Hilaire
Le maire a envoyé une mise en demeure à une conseillère
Par: Denis Bélanger

Brigitte Minier.

Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Yves Corriveau, a envoyé une mise en demeure en novembre dernier à la conseillère Brigitte Minier lui prévenant qu’elle serait passible de poursuites si elle portait atteinte à sa réputation. Selon la conseillère, cette action est une démonstration de l’intimidation qu’elle dit subir de la part du maire depuis l’affaire du Burundi. Une plainte concernant le comportement du maire avait d’ailleurs été envoyée à la Commission municipale du Québec (CMQ), mais a été rejetée.

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La nature de la relation tendue entre Mme Minier et M. Corriveau a été divulguée lors de la séance ordinaire du conseil municipal du 4 mai dernier. C’est à ce moment que le journal a appris que l’avocat représentant le maire a envoyé la mise en demeure le 21 novembre dernier. Selon le document, Yves Corriveau affirme avoir été informé que Brigitte Minier insinuerait lors de deux événements publics à venir qu’elle avait été victime de violence de la part de ce dernier. La mise en demeure ne précise pas la forme de violence que la conseillère prévoyait révéler en public.

L’un des événements évoqués était un panel prévu le 24 novembre à la Maison amérindienne à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’affaire ne s’est jamais rendue devant les tribunaux, mais Brigitte Minier a nié les intentions que lui prêtait le maire dans la mise en demeure.

Échanges houleux

Brigitte Minier, qui a lu l’entièreté de la mise en demeure à l’invitation d’Yves Corriveau, a reproché au maire de ne pas avoir pris la peine de lui avoir téléphoné pour vérifier auprès d’elle les informations qu’il avait entendues. Le premier magistrat a rétorqué que c’était surtout un avertissement pour éviter d’en arriver à une poursuite. Il a reproché à Mme Minier de ne pas avoir retourné ses messages textes qu’il avait envoyés pour lui tendre la main. Elle a indiqué qu’il était trop tard pour réparer les pots cassés.

Brigitte Minier a profité de la tribune pour préciser l’intimidation qu’elle recevait depuis plusieurs mois. « J’ai des écrits de votre part que je garde bien au chaud et que j’ai déjà montrés aux avocats. Je n’ai pas réagi, car je travaille en dignité pour la Ville. »

Bien que la CMQ n’ait pas retenu la plainte de Mme Minier, la Commission a informé l’élue que seul l’ajout d’une règle de conduite imposant une obligation de respect au Code d’éthique et de déontologie peut permettre à la Commission d’analyser la situation et de sanctionner le cas échéant.

Le maire Yves Corriveau a pour sa part réfuté les affirmations de Mme Minier, une ancienne membre de son parti politique. Il l’a d’ailleurs invitée à déposer une nouvelle plainte à la Commission. « Nous savons que la CMQ prend très au sérieux les plaintes de harcèlement. Bref, la CMQ a fait la différence entre harcèlement et dispute entre deux personnes. C’est dommage, car à mon avis, son comportement tente de redéfinir le mot harcèlement et par conséquent, minimise les femmes dénonçant les vrais actes de harcèlement, a déclaré le maire au journal quelques jours après l’assemblée. Elle dit avoir d’autres preuves; bizarre que ces preuves n’aient pas été déposées dans sa première plainte.[…] Je crois sincèrement qu’elle aurait intérêt à cesser ces accusations étant donné que, pour ma part, je n’ai jamais posé de gestes ou de paroles dans ce sens. »

Geste dénoncé

Les autres conseillers ont déploré la tournure des événements. Jean-Pierre Brault a qualifié de déplorable ce qui s’est déroulé à l’assemblée. De son côté, Louis Toner a dit avoir honte du comportement du maire. Sylvain Houle et Emile Grenon Gilbert ajoutent que l’envoi d’une mise en demeure est un geste antidémocratique.

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