10 mars 2020 - 19:00
Le Club de canotage doit payer ou s’en aller
Par: Denis Bélanger

Le commodore du Club de canotage, François Bouvier Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

À l’aube des célébrations du 100e anniversaire en 2021, les membres du Club de canotage d’Otterburn s’inquiètent de la pérennité à long terme de l’organisme. Ils ont reçu la semaine dernière un avis d’expulsion, de la part de la Municipalité, les sommant de quitter leur local du Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine. Cette action de la Ville résulte de l’impasse des négociations entre les deux parties et avait aussi pour but de faire bouger les choses de l’avis du maire Denis Parent.

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Le Club profite depuis des années d’un hébergement gratuit. Ce principe a été instauré en vertu de l’acte notarié signé en 1965 où le Club avait cédé le terrain et le bâtiment en échange d’un hébergement à vie. En vertu d’opinions juridiques, la Municipalité ne reconnaît plus le principe d’hébergement gratuit et a signifié au Club dès 2019 son intention de revoir les modalités financières de l’entente intervenue le 2 mars 2015 et venant à échéance le 2 mars dernier. Le Club a refusé les demandes de la Ville et le projet de nouvelle entente en janvier. L’organisme aurait souhaité prolonger d’un an l’entente le temps de trouver un nouvel accord. Une option rejetée cette fois-ci par Otterburn Park.

L’avis d’expulsion a été envoyé le 3 mars et les membres du Club avaient jusqu’au 8 mars pour quitter le local, chose qu’ils n’ont pas faite. D’après le maire Denis Parent, la Ville n’entend pas prendre pour l’instant des moyens pour les faire expulser, préférant les rencontrer pour régler le dossier de la bonne manière. L’avis d’expulsion était nécessaire pour empêcher la reconduction automatique de l’entente, selon la Municipalité. Pour sa part, le club a envoyé une mise en demeure à Otterburn Park pour faire respecter ses droits.

Discussions unilatérales
Le Club de canotage dénonce l’attitude de la Ville qui impose des demandes unilatérales, dont de défrayer des coûts annuels de 23 500 $. « [La Ville] prétend négocier et nous presse de signer une nouvelle entente qui abroge essentiellement tous les éléments fondamentaux à la survie du Club, a dit en point de presse le commodore du Club, François Bouvier. Les enjeux sont pourtant importants. Ainsi, elle renie notre historique de partenariat, compromet notre 100e anniversaire en 2021 et entache la réputation du Club comme acteur majeur sur les plans local, régional et national. Surtout, elle prive des centaines de jeunes et moins jeunes de la région de participer aux différentes activités du Club. »

L’organisme déplore également le fait qu’Otterburn Park lui impose dorénavant la responsabilité de négocier une entente intermunicipale avec les villes voisines pour le partage des coûts d’exploitation du Club. À cet effet, le maire Denis Parent s’est dit ouvert à accompagner les membres du Club dans leurs démarches auprès des autres municipalités.

Les administrateurs du Club craignent que les agissements d’Otterburn Park viennent limiter l’accessibilité des citoyens à la Pointe-Valaine. « La Ville semble vouloir investir dans l’agrandissement du bâtiment du Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine, ce qui pourrait représenter des centaines de milliers de dollars pour la Ville. Est-ce que le fait d’investir dans un centre culturel doit se faire au détriment du 2e plus vieux Club de canoë-kayak au Québec? » Le maire Denis Parent répond que le local du Club ne serait pas utile pour une salle de spectacle et rappelle que le gestionnaire de la salle du haut paie un loyer.
Les membres de Club de canotage ont fait une sortie médiatique vendredi et reçu des appuis des citoyens des membres de la communauté du canoë-kayak, dont les fédérations canadiennes et québécoises de cette discipline sportive. Une pétition instiguée en ligne a récolté plus de 8000 signatures à ce jour.

Principe d’utilisateur-payeur
La Ville avance de ce côté vouloir amener le principe d’utilisateur-payeur, notamment par souci d’équité envers les autres organismes. « Nous leur demandons d’assumer un montant annuel de 23 500 $ alors que les villes d’Otterburn Park, de Belœil, de Mont-Saint-Hilaire et de McMasterville [paieraient] ensemble des coûts de 66 633 $ par an. La Ville d’Otterburn Park paie en plus un montant de 11 700 $ pour les équipements et les embarcations, pour une contribution totale s’élevant à 53 263 $ (pour Otterburn). Cela permettrait de se rapprocher du montant payé par la Ville pour un citoyen jouant au hockey (607 $). Actuellement, avec les 63 Otterburnois membres du Club de canotage, il en coûte 845,44 $ à la Ville, par membre. Le Club engrange notamment des revenus avec la contribution des membres qui demeurent hors région – sur les membres adultes, c’est 78 % qui proviennent de l’extérieur d’Otterburn Park – et a donc la capacité de payer ce montant. À titre d’exemple, en 2018, les revenus du Club s’élevaient à 157 000 $ », détaille dans un communiqué l’administration municipale. Le Club estimait avoir de son côté de la difficulté à se prononcer sur les chiffres, car il ignorait plusieurs données.

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