5 Décembre 2018 - 14:01
Radon à Belœil
La Ville doit en faire plus, pense un citoyen
Par: Vincent Guilbault
Martin Robert avec les résultats de son test de radon. Photo: Robert Gosselin

Martin Robert avec les résultats de son test de radon. Photo: Robert Gosselin

Martin Robert demande à Belœil de revoir sa position concernant le radon et sur l’émission de permis de construction résidentielle. Le résident blâme aussi les entrepreneurs généraux, dont certains de la région, qui proposent des solutions inefficaces contre le radon.

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Même si la maison de M. Robert, située sur la rue Gilbert-Desautels, date de 2015, une analyse de radon a révélé un taux de gaz s’élevant à 259 becquerels par mètre cube (Bq/m3), alors que la limite recommandée par Santé Canada est de 200 (voir encadré).
Ses deux voisins ont aussi constaté le même problème. L’un d’eux s’est même vu retarder la vente de sa maison en raison d’une concentration de radon considérée élevée, à 645 Bq/m³, même s’il avait un système passif d’évacuation du radon, sans ventilateur.
C’est à ce moment que M. Robert a décidé de tester le radon dans sa maison puisque sa belle-mère vit avec lui en bigénération, dans le sous-sol, un endroit plus propice à la concentration de radon.
M. Robert a donc consulté un entrepreneur général qui lui demandait environ 2500 $ pour essentiellement ajouter un ventilateur au tuyau existant et pour apporter quelques modifications. Martin Robert décide plutôt de se tourner vers Action-Radon, à Saint-Hubert, une entreprise certifiée en atténuation du radon. Le président de l’entreprise, Joël Valois, lui expliquera que les installations initiales faites lors de la construction de la maison ne sont pas conformes et qu’il ne peut pas les utiliser. Malgré tout, il réussit à lui proposer de tout refaire pour environ 2000 $, un prix inférieur au prix proposé par l’entrepreneur non certifié.

Code du bâtiment
Pour les nouvelles constructions, Beloeil émet maintenant un avis sur le radon lors de l’émission de permis. La Ville invite les contracteurs à s’assurer de l’étanchéité des fondations aux gaz souterrains, en conformité avec le Code national du bâtiment (CNB). La Ville demande de prévoir l’installation d’un système de dépressurisation sous le plancher et de prendre des mesures correctives lorsque la concentration moyenne annuelle de radon dépasse les 200 Bq/m³ dans les aires normalement occupées d’un bâtiment. La maison de M. Robert, construite en 2015, aurait donc dû être à l’épreuve du radon, ce qui n’est pas le cas. Martin Robert songe ainsi à poursuivre son ancien entrepreneur pour vice caché.
Rien n’est prévu pour le radon pour les maisons construites avant la dernière itération du CNB, mis à jour en 2015. Les propriétaires doivent donc eux-mêmes tester la présence de radon et se tourner vers un spécialiste pour apporter des correctifs. Toutefois, un entrepreneur n’a pas besoin de posséder une certification pour procéder aux travaux d’atténuation.

Du radon partout
Joël Valois, de Action-Radon, invite toutefois les municipalités à plus de prudence. «Du radon, il y en a partout, dans tous les bâtiments, mais [la dangerosité], c’est une question de concentration. Moi, j’ai fait des installations dans plusieurs maisons à Belœil, anciennes ou neuves, et il peut y avoir autant de radon. Le radon vient de l’uranium sous la croûte terrestre, donc la qualité du sol n’a pas d’impact.»
Selon lui, il y a deux choses à retenir du cas de M. Robert. D’abord, tous les citoyens, peu importe leur secteur, devraient tester leur maison avec un appareil certifié, qui se détaille entre 35 et 60 $.
Ensuite, si des travaux de correction sont nécessaires, il invite les propriétaires et les entrepreneurs à se tourner vers une entreprise certifiée en atténuation. «Plusieurs personnes s’improvisent spécialistes dans l’atténuation du radon. Je connais un entrepreneur à Mont-Saint-Hilaire qui n’a pas sa certification et qui installe des systèmes de ventilation. […] j’ai vu quelques-unes de ses installations et c’est un désastre.»
Même si le nouveau Code national du bâtiment demande de protéger les maisons contre les gaz souterrains, M. Valois indique que certains propriétaires d’une nouvelle maison pourraient avoir des surprises. Il affirme que certains entrepreneurs lui téléphonent pour se renseigner sur les façons de faire, mais qu’ils vont ensuite donner la tâche d’atténuer le radon à leur plombier, par exemple, même s’il n’est pas certifié.

Aller au-devant de la législation
«Je demande à la Ville d’être proactive, d’informer les citoyens sur le sujet», exige Martin Robert, qui reconnaît que Beloeil n’est pas fautive dans ses façons de faire. Il demande quand même à la Ville d’adhérer à la campagne Villes et municipalités contre le radon 2018 de l’Association pulmonaire du Québec, de mettre à la disposition des citoyens des détecteurs de radon (dosimètre) à un prix modique et de fournir des liens internet vers des listes d’entrepreneurs certifiés, via des organisations reconnues comme le Programme national de compétence sur le radon au Canada (PNCR-C).
La Ville s’est engagée pour le moment à se pencher sur le dossier après les fêtes.

Le radon
Selon Santé Canada, le radon est un gaz radioactif invisible, inodore et insipide qui provient de la désintégration de l’uranium qui est dans le sol, la roche et l’eau. L’exposition à des concentrations élevées de radon dans l’air intérieur augmente le risque de développer un cancer du poumon.
Le radon se mesure en becquerels par mètre cube d’air (Bq/m³). Il existe au Canada une ligne directrice qui indique que la concentration de radon ne devrait pas dépasser 200 Bq/m³ dans une habitation.

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