9 octobre 2019 - 13:43
La carte Accès Belœil nuit à des organismes
Par: Sarah-Eve Charland

La carte Accès Belœil a vu le jour en septembre 2018. Photo Vincent Guilbault | L’Œil Régional ©

Des organismes à but non lucratif constatent les impacts de la nouvelle carte Accès Belœil qui oblige les non-résidents à payer 75 $ pour utiliser les services en sport et en loisir sur le territoire de Belœil. Ce montant s’ajoute au coût de l’inscription des organismes. Certains d’entre eux disent avoir connu une baisse de 25 % de leurs inscriptions depuis l’arrivée de la carte.

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La carte Accès Belœil a été rendue obligatoire en septembre 2018 et touchait principalement les services de la Ville comme la bibliothèque ou les piscines. C’est toutefois la première année que les organismes sont visés par cette mesure.

Le Manic de Belœil s’adresse à des adultes souhaitant jouer au soccer été comme hiver de façon récréative. Le club existe depuis plus de 30 ans. Une division basketball a été ajoutée en 2017. L’organisation compte habituellement environ 160 membres de partout en Montérégie.

« L’impact est énorme. Pour donner un ordre d’idées, nous avons perdu près d’un quart de nos inscriptions. Ces membres ne veulent pas payer une surtaxe à la Ville, surtout qu’ils ne comptent pas utiliser la carte pour aller à la bibliothèque ou à la piscine », affirme le bénévole Nicolas Jaffré.

Le club doit maintenant entamer une réflexion sur le coût des inscriptions et sur le nombre de parties par semaine pour assurer une viabilité de l’organisme. Si l’impact est trop grand, les bénévoles pourraient envisager la dissolution du club.

À l’instar de M. Jaffré, la présidente du Club de badminton de Belœil, Andrée Poliquin, ne compte pas partir en guerre contre la Ville de Belœil. Toutefois, elle ne peut s’empêcher de constater des impacts importants au sein de son organisation qui s’adresse aux personnes intéressées à jouer au badminton les mardis et les jeudis soir pour des parties amicales.

« C’est une situation qui nous déplaît. Ça fait plus de 20 ans qu’on est à Belœil. On a une tarification basse et intéressante. Ça a eu un impact de 15 % à 20 % sur nos inscriptions en début d’année. Notre coût pour jouer est de 90 $. Avec la carte Accès Belœil, ça double pratiquement la cotisation. Avant, on pouvait attirer des gens d’un peu partout. C’est moins le cas cette année », observe Mme Poliquin.

M. Jaffré croit que la Ville n’a jamais pris le temps d’analyser l’impact d’imposer cette nouvelle carte ni de consulter les organismes. Le Manic a proposé quelques options, comme de mettre en place une carte évolutive selon le nombre d’activités souhaitées. La Ville n’a pas donné de retour sur cette proposition. L’organisme a aussi émis le souhait de ne pas faire payer la carte pour les membres bénévoles, mais a essuyé un refus. Il a aussi suggéré de payer davantage le coût de location des plateaux sportifs au lieu d’imposer une carte pour les non-résidents.

« Car d’une manière ou d’une autre, si nous perdons un quart de notre effectif, nous serons dans l’obligation d’augmenter la cotisation des membres, dont 65 % habitent à Belœil ou Mont-Saint-Hilaire. […] Dans notre société, devons-nous devenir insensibles à tous ces petits organismes qui se battent chaque jour pour survivre et leur mettre des bâtons dans les roues? […] Sommes-nous devenus si insensibles pour que l’on impose une carte à des organismes qui font rayonner la ville? », remet-il en question.

Le Club de badminton devra aussi envisager d’augmenter les coûts des cotisations s’il enregistre un budget qui ne s’équilibre pas à la fin de l’année.

Contribuer aux infrastructures

Beloeil justifie la mise en place de cette carte Accès Belœil parce que le coût du maintien et des opérations des infrastructures ne cesse d’augmenter. La Ville estime que 40 % des utilisateurs des infrastructures en loisir proviennent de l’extérieur de Belœil et de Mont-Saint-Hilaire. Rappelons que Belœil a conclu une entente avec Mont-Saint-Hilaire, dont les citoyens n’ont pas besoin de payer.

« La charge complète est assumée uniquement par les citoyens de Beloeil. La carte permet donc que les non-résidents puissent contribuer directement au maintien des infrastructures, tout en bénéficiant d’une offre de services non disponible dans leur municipalité », affirme la porte-parole de la Ville, Caroline Nguyen Minh.

La Ville assume présentement de 60 % à 70 % des coûts reliés aux opérations, ajoute-t-elle. Les frais d’entretien annuels des bâtiments des loisirs et plateaux sportifs s’élèvent à environ 900 000 $, en excluant les piscines.

La Ville, en collaboration avec la MRC, vise à régionaliser ces infrastructures. Grâce à une subvention, la MRC embauchera une ressource contractuelle qui fera l’inventaire et une analyse des infrastructures et services offerts en loisirs, culture et vie communautaire dans la région. La Ville et la MRC ont pour objectif ultimement de mettre en commun les ressources de chaque ville.

En attendant, Belœil invite les résidents des autres municipalités à approcher leur Ville afin de bénéficier d’un remboursement total ou partiel.

D’autres organismes ont pu obtenir un report de leur date d’application. La majeure partie d’entre eux avait déjà fait des préinscriptions, il aurait été difficile de faire un retour en arrière et demander aux organismes de recommencer leur inscription, explique Mme Nguyen Minh. La Ville a pourtant rencontré une quarantaine d’organismes sur son territoire au printemps dernier pour exposer le fonctionnement de la carte Accès Belœil.

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