29 juin 2016 - 00:00
Jean-Paul Guimond: un «Rolling Stone» de la chanson traditionnelle
Par: L'Oeil Régional
Jean-Paul Guimond

Jean-Paul Guimond

Le festival Chants de vielles de Saint-Antoine-sur-Richelieu nommera sa scène principale en l’honneur de Jean-Paul Guimond, un des grands chanteurs de musique traditionnelle du Québec. Un hommage lui sera rendu en ouverture du festival, le 1er juillet.

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Peu connu du grand public, il est pourtant une star dans le monde de la musique trad. «Si on va dans un festival, que ce soit aux Chants de vielles ou dans un autre festival, c’est un Rolling Stone», décrit la directrice du festival de Saint-Antoine-sur-Richelieu, Geneviève Nadeau.

Jean-Paul Guimond a inspiré plusieurs artistes trad du Québec bien connus dont la Bottine souriante, Nicolas Pellerin, les Tireux d’roches, les Charbonniers de l’enfer et Galant, tu perds ton temps.  

Ce cultivateur à la retraite de Wotton, dans les Cantons-de-l’Est, a en mémoire des centaines, voire, des milliers de chansons traditionnelles apprises à l’oreille. «Je pense que c’est un de nos derniers qui va être capable de porter un tel répertoire de chansons», témoigne Mme Nadeau.

Son bagage vient d’abord de sa famille. «Mon père savait beaucoup de chansons. Il faisait souvent des veillées et des bazars quand on était petits gars. Puis, ça chantait, ça dansait toute la nuit», se souvient Jean-Paul Guimond. Sa mère et sa grand-mère chantaient aussi.

Au début des années 90, le chanteur et violoniste Claude Méthé le découvre dans un gala de Warwick. Il invite M. Guimond à venir chanter au Festival international des arts traditionnels de Québec.

Commence alors une «deuxième carrière» pour Jean-Paul Guimond. Il a participé à plusieurs festivals et s’est même rendu à quelques reprises en Europe. Au fil de ses rencontres à travers le Québec et en France, il a pu garnir son répertoire musical.

«Vouée à disparaître»

M. Guimond accorde une importance au partage de ses chansons à d’autres artistes pour ne pas qu’elles disparaissent. On lui donne aussi le titre de «réparateur» de chansons puisqu’il se plaît à corriger les lacunes lorsqu’il manque une rime ou un couplet, par exemple.

Bien que de nouveaux groupes trads émergent au Québec, l’homme de 83 ans a tout de même une vision pessimiste de l’avenir de la chanson traditionnelle dans la province. Selon lui, cette musique semble moins attirer les jeunes ou même la majorité de la population.

«C’est voué à disparaître. […] On va dans les galas folkloriques, c’est tous des vieux, il n’y pas de relève. Tu vas voir une jeune fille et un jeune garçon. Un qui vient et qui commence à chanter», soutient-il.

Aux yeux de M. Guimond, la chanson traditionnelle conte la vie d’une personne, de la naissance à la mort. «Ça dit quelque chose. Les chansons aujourd’hui, ça se répète et ça ne dit rien. C’est enterré dans la musique.»

Pour écouter la voix et la mémoire de ce porteur de tradition, l’organisme Maréemusique a réalisé un coffret  de deux albums contenant une trentaine de chansons de M. Guimond, disponible sur internet.

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