13 octobre 2017 - 11:00
«Il n’y aura ni pétrole ni gaz de schiste chez nous» — Simon Jolin-Barrette
Par: Karine Guillet

Un puits de gaz de schiste. photo: archives

Le député caquiste de Borduas, Simon Jolin-Barrette, s’oppose à l’exploitation de gaz de schiste dans la Vallée-du-Richelieu. Le politicien soutient que sa formation est même prête à prendre cet engagement aux élections de 2018.

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Le député insiste sur le fait que l’acceptabilité sociale de l’exploitation n’est pas au rendez-vous dans la région. Rappelons que les citoyens de la région avaient été parmi les premiers à sonner l’alarme et à réclamer un moratoire sur la ressource en 2010. «Je pense que je me fais le relais des citoyens en indiquant qu’il n’y a pas de volonté de développer cette ressource-là, explique le député. Dans la Vallée-du-Richelieu, c’est très clair qu’il n’y aura pas de forage. À Saint-Antoine et Saint-Denis-sur-Richelieu, les expériences de forage ont laissé un goût amer à la population. Je pense que la population préfère qu’on se tourne vers les énergies renouvelables.»

La Coalition Avenir Québec (CAQ) estime que le projet de règlement encadrant l’exploitation pétrolière présenté par le ministre libéral Pierre Arcand est trop «laxiste». La CAQ demande notamment que le gouvernement retourne à la planche à dessin pour présenter un projet de loi plus restrictif qui tiendrait notamment compte de l’acceptabilité sociale et qui interdirait la fracturation hydraulique et ses processus dérivés dans la vallée du Saint-Laurent. La CAQ souhaiterait notamment qu’il n’y ait pas ce type d’activité à proximité de maisons et d’écoles, par égard pour la santé et la sécurité publique.

Simon Jolin-Barrette soutient pour sa part qu’il faudrait se tourner vers des énergies renouvelables. «Avant qu’il y ait des projets de cette nature, il faut que les gens soient d’accord, c’est primordial. Mais il faut se tourner vers les énergies renouvelables.»

Pas assez, disent certains militants

Michel Pichet, un des membres du comité citoyen de Saint-Marc-sur-Richelieu, qui s’oppose notamment au gaz de schiste, croit que la position du député est positive pour la région. Il croit cependant que la CAQ ne va pas assez loin; il aimerait que l’exploitation de gaz de schiste soit carrément exclue dans l’ensemble de la province. Il rappelle que la plus grande partie des hydrocarbures ne devrait pas être exploitée afin de maintenir la hausse de la température sous 2 oC.

Même son de cloche du côté de Josée Gagnon et de son conjoint Marcel Gauthier, des militants de longue date de Mont-Saint-Hilaire. S’ils se réjouissent de la position du député pour la région, ils croient eux aussi que c’est encore trop timide. «Ça crée deux catégories de citoyens; ceux qui vivent dans la Vallée et ceux qui vivent ailleurs. Il n’y a pas deux catégories de citoyens au Québec. Les gens qui vivent en Gaspésie seraient pris avec les mêmes problèmes que nous aurions si ça se faisait ici», croit Mme Gagnon.

Craintes

Aucune compagnie ne possède pour le moment un droit d’exploitation pétrolier dans la région, depuis que la compagnie Junex n’a pas renouvelé son droit d’exploitation en raison de l’opposition citoyenne, selon le comité consultatif en environnement de Saint-Marc-sur-Richelieu.

Les militants se disent d’ailleurs toujours inquiets d’une résurgence des hydrocarbures dans la région, en raison de l’adoption de projets de loi à cet effet et que les permis sont toujours en vigueur. Le récent cas de la municipalité de Ristigouche-Sud-Est, qui n’obtient pas le soutien du gouvernement alors qu’elle est poursuivie par une compagnie gazière, inquiète aussi Mme Gagnon et son conjoint. Mme Gagnon a d’ailleurs demandé l’aide de la communauté. «Je ne me sens pas entendue de mon gouvernement. Ça fait sept ans qu’on milite, qu’on dit que c’est une industrie très lourde qui n’a pas d’affaire nulle part. Je pense qu’il y a juste l’action citoyenne qui peut nous donner un coup de main.»

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