15 mai 2020 - 19:37
Des employés en santé inquiets de se voir refuser des vacances
Par: Sarah-Eve Charland

L’APTS regroupe le personnel professionnel qui travaille notamment au CLSC des Patriotes à Belœil. Photothèque I L’œil Régional ©

Des employés du réseau de la santé, affiliés à l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé (APTS), craignent de voir leurs vacances estivales limitées ou même reportées alors qu’ils sont épuisés du rythme soutenu des derniers mois.

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« On veut des vacances cet été, on ne veut pas partir en maladie. Ce qu’on a besoin, ce ne sont pas des applaudissements, mais des vacances et d’être en sécurité. […] Le système de santé était déjà à boute avant la pandémie », affirme la représentante de l’APTS du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Montérégie-Est, Émilie Charbonneau.

Bien que les vacances soient déjà planifiées, les directives et l’ambiance sont de mauvais augure selon le syndicat.

Le 15 mai, en point de presse, le premier ministre du Québec François Legault a mentionné que l’objectif n’était pas d’annuler les vacances, sans en exclure la possibilité. « J’ai bon espoir que dans les prochaines semaines des employés reviennent de leur quarantaine afin de permettre aux employés de prendre des vacances. On n’en est pas [à annuler les vacances]. »

Le porte-parole du CISSS Montérégie-Est, Hugo Bourgoin, a ajouté que le CISSS met en place des mesures qui permettront aux salariés de bénéficier de moment de vacances durant la période estivale. Les employés ayant acquis des vacances au 1er mai, poursuit-il, auront droit à un minimum de deux semaines de vacances.

L’arrêté ministériel permet aux CISSS d’avoir une plus grande marge de manœuvre dans ses décisions. Le syndicat n’y voit pas d’inconvénient tant que les décisions sont cohérentes avec la situation terrain.

« Il y a des rotations dans les weekends, par exemple. Des salariés qui ne travaillaient pas la fin de semaine sont obligés de travailler en CHSLD la fin de semaine alors qu’il n’y a pas de besoin. Le CHSLD où on retrouve un grand besoin, c’est celui René-Lévesque à Longueuil. On nous répond que le CISSS applique l’arrêté ministériel de façon uniforme », ajoute le représentant syndical Joël Bélanger.

Le syndicat a demandé à ce que le CISSS analyse les besoins selon chacun des secteurs afin d’appliquer des décisions adaptées aux différents secteurs, mais aurait reçu une fin de non-recevoir.

M. Bourgoin du CISSS maintient que « la situation est toujours analysée en tenant compte des réalités des différents titres d’emplois, des Réseaux locaux de santé (RLS), des quarts de travail et toutes autres variables pouvant avoir un impact significatif. »

Fin de l’omerta?

Il y a deux semaines, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a annoncé mettre fin à l’omerta qui sévit dans le réseau de la santé et des services sociaux. L’omerta a toujours existé selon le syndicat.

« Mais elle est exacerbée depuis la pandémie. Si les gens se plaignent, c’est jugé comme déloyal. Les gens sont réprimés quand ils parlent […] Sortir dans les médias, c’est le dernier recours que nous avons en tant que syndicat pour faire réagir les centres intégrés et corriger l’injustifiable. On donne une voix à nos membres qui vivent dans la crainte de perdre leur emploi. Et lorsqu’ils prennent la parole pour dénoncer haut et fort ce que l’employeur veut cacher, nous sommes là pour les défendre », souligne Mme Charbonneau.

L’APTS de la Montérégie s’inquiète des sanctions que pourrait subir un de ses membres pour avoir manqué au « devoir de loyauté » après avoir dénoncé publiquement une situation dans un établissement de santé. Étant donné l’arrêté ministériel, les employés ne peuvent pas déposer de grief.

« Nos employés, comme tout citoyen, ont droit à la liberté d’expression, souligne le porte-parole du CISSS. Ainsi, toute dénonciation basée sur des faits et faite de façon respectueuse ne fera l’objet d’aucunes représailles. […] Nous encourageons toutefois nos employés à rapporter une situation donnée à son gestionnaire afin que celui-ci puisse faire des ajustements au besoin. »

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