24 mai 2018 - 10:32
Les deux bâtiments figurent dans le patrimoine bâti de la MRC
Démolition demandée pour deux maisons centenaires
Par: Karine Guillet

Le 1362, rue Richelieu est visé par un avis de démolition. photo: Karine Guillet

le 1660, rue Richelieu est visé par un avis de démolition. photo: Karine Guillet

Deux maisons répertoriées dans l’inventaire du patrimoine bâti de la Vallée-du-Richelieu pourraient être démolies, alors qu’une demande en ce sens a été adressée au Comité de préservation du patrimoine bâti de Belœil à la fin d’avril.

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Les maisons du 1362 et 1660, rue Richelieu sont situées à moins d’un kilomètre de distance. Selon la porte-parole la Ville, Caroline Nguyen Minh, le Comité de préservation du patrimoine a effectivement été saisi de deux demandes de démolition pour une reconstruction par deux propriétaires différents. Toutefois, le comité n’avait pas un quorum lors de sa séance de mai. La séance a été reportée, mais aucune date de rencontre n’a encore été fixée.
Les deux maisons visées par l’avis de démolition sont d’ailleurs répertoriées dans l’inventaire du patrimoine bâti réalisé en 2012 par la firme de consultants en patrimoine culturel et en muséologie Bergeron Gagnon. Toutefois, aucune des maisons n’est citée patrimoniale.
Dans les deux cas ciblés par les demandes de démolitions, les propriétaires souhaitent reconstruire une nouvelle maison unifamiliale. Selon Mme Nugyen Minh, les propriétaires avancent que les coûts pour mettre à niveau les deux maisons seraient trop importants, ce qui justifie leur demande de démolition.

Opposition
La Ville a reçu «quatre ou cinq» avis écrits s’opposant à la démolition. Parmi ceux-ci, la Fédération Histoire Québec (FHQ) a d’ailleurs fait parvenir une lettre à la mairesse Diane Lavoie la semaine dernière, dont L’Œil Régional a obtenu copie. Dans sa lettre, le président du comité du patrimoine de la FHQ, Clément Locat, fait valoir que «la préservation du patrimoine bâti ne doit pas se faire à la pièce, mais dans une vision d’ensemble, tout spécialement dans un milieu comme le vôtre qui comporte une riche histoire et des bâtiments anciens de différentes époques».

Maison Fugère-dit-Champagne
Selon l’inventaire de la MRC, la maison du 1660 rue Richelieu aurait été construite entre 1840 et 1880. De type traditionnel québécois, la maison connue sous le nom Fugère-dit-Champagne présenterait une valeur d’authenticité et patrimoniale «moyenne», de même qu’une valeur de contexte (qui évalue ce qui est extérieur au bâtiment lui-même) «supérieure». La maison avait également une valeur d’âge, alors que la Fédération note dans sa missive qu’elle est une «ancienne et rare maison de ferme en bon état sur cette rue», témoignant de l’occupation première de ce lieu.
L’édifice a été mis en vente sur le site Publimaison. L’offre stipulait que le terrain comprenait une maison habitée, mais qu’il était idéal pour recevoir une maison de luxe.

Maison Joseph-Alphonse-Lalonde
L’autre édifice visé par une demande de démolition a été construit en 1908 selon son évaluation municipale. L’inventaire de la MRC donnait au bâtiment de style Queen Anne une bonne valeur d’authenticité, une valeur contextuelle supérieure et une valeur patrimoniale moyenne. L’évaluation notait également une bonne condition physique du bâtiment. «Il s’agit donc d’un bâtiment d’une grande valeur architecturale qui, avec l’espace vert qui l’entoure, contribue à l’esthétique du milieu et à la qualité de vie dont profitent tous les citoyens», écrit la Fédération d’histoire.

D’autres cas
D’autres bâtiments pourtant répertoriés dans l’inventaire culturel de la MRC n’ont pas évité la démolition. La maison Flavien-Desranleau, au 730 rue Richelieu, avait dû finalement être démolie cet automne, en raison de son mauvais état. Le cas avait d’ailleurs poussé la Ville de Belœil à se doter d’un règlement empêchant un propriétaire de laisser sa maison à l’abandon après un refus de démolition.

L’ancien restaurant Ostéria, au 914, rue Laurier, n’avait pas non plus échappé au même sort, malgré la volonté initiale des propriétaires de la préserver. Le bâtiment s’était toutefois dégradé au fil des années et avait subi de nombreuses modifications artisanales.

 

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