8 mai 2019 - 19:14
Daphné Huard-Boudreault était traquée
Par: Denis Bélanger

Selon la version des faits donnée aux policiers par Anthony Pratte-Lops, Daphné Huard-Boudreault flattait son chat dans son appartement lorsqu’elle a constaté la présence d’Anthony Pratte-Lops. Pris de panique par le cri de son ex-petite amie, Pratte-Lops a étranglé sa victime. Après, il s’est dirigé dans la cuisine pour saisir un couteau et revenir la poignarder à plusieurs reprises. Selon le rapport d’autopsie, le corps avait 15 plaies au cou et au thorax, dont 7 mortelles.

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Anthony Pratte-Lops avait entrepris une traque de son ex-petite amie la semaine qui a précédé le drame. Il s’était notamment présenté sur le porche de la résidence de la mère de la victime en pleine nuit. La jeune femme de 18 ans n’a toutefois jamais voulu porter plainte et souhaitait ne pas être accompagnée par la police pour aller chercher ses affaires personnelles dans l’appartement de la rue Forest qu’elle partageait avec l’accusé.

Daphné Huard-Boudreault et Anthony Pratte-Lops ont été en couple pendant deux ans. Elle a mis en doute sa relation au retour d’un voyage en février 2017 avec sa mère. Elle a finalement quitté son appartement de la rue Forest, à Mont-Saint-Hilaire, le 16 mars.

Anthony Pratte-Lops a entrepris plusieurs démarches pour essayer de retrouver la jeune femme. Il a passé notamment une nuit à se promener entre les résidences de la mère et du père de Daphné Huard-Boudreault. Il avait payé le fils du propriétaire de son logement pour le conduire.

La nuit précédant le meurtre, la mère de la victime s’est fait réveiller vers 3 h 15 par la voix forte d’Anthony Pratte-Lops. Il a quitté les lieux en taxi pour se rendre à Saint-Jean-Baptiste à la maison d’Éric Boudreault, le père de Daphné. Il a constaté la présence de la voiture de la fille et s’y est introduit alors que les portes étaient déverrouillées.

Daphné Huard-Boudreault a constaté la présence de l’individu en déneigeant sa voiture tôt le matin. Il a refusé de quitter le véhicule et la fille n’a eu guère le choix que de se rendre à son lieu de travail, un dépanneur sur le chemin Ozias-Leduc, avec Pratte-Lops à bord. Une collègue de travail a réussi un peu plus tard à convaincre Daphné d’appeler les policiers pour faire expulser des lieux son ancien copain.

On l’a conseillée d’être accompagnée
Cette intervention policière au dépanneur avait été rapportée par des témoins au lendemain du drame, mais quelques éléments fournis avaient eu pour effet d’attirer des critiques envers la Régie de police Richelieu–Saint-Laurent. L’accusé a quitté les lieux à la suite de l’arrivée des policiers qui lui ont dit de la laisser tranquille. Les agents ont par la suite donné des conseils à Daphné sur la façon d’aller récupérer ses effets personnels à l’appartement de la rue Forest et lui ont proposé de l’accompagner si elle le désirait. Pratte-Lops avait d’ailleurs indiqué aux agents qu’elle pouvait passer chercher ses choses vers 13 h et qu’il serait absent. Elle n’a toutefois pas voulu porter plainte.

Daphné Huard-Boudreault s’est rendu compte par la suite que son compte Facebook avait été trafiqué par Pratte-Lops et qu’il lui avait volé son téléphone. Elle s’est rendue sur l’heure du midi au poste de police pour savoir comment récupérer ses mots de passe de Facebook. Encore une fois, elle a refusé de porter plainte officiellement pour vol et harcèlement. Elle a informé de plus la policière qu’elle irait à l’appartement vers 13 h, accompagnée de sa belle-mère. L’agente a insisté pour l’accompagner, même si la principale concernée ne voulait pas la déranger. Daphné Huard-Boudreault a quitté le poste par la porte avant et la policière par la porte arrière. Elle est arrivée chez elle quelques minutes avant la policière, qui est arrivée après le drame.

 

Ce qu’ils ont dit

 

« C’est important, Anthony, que tu saches que tu as brisé ma vie. Tu t’es servi de moi pour arriver à tes fins. Comment pourrais-je faire confiance maintenant? […] Jamais rien ne nous ramènera notre ange, nous devons apprendre à vivre en son absence. »
– Éric Boudreault, le père de Daphné

« Sans ma sœur qui veille sur nous, je ne savais pas où on trouverait la force de vivre. […] Il y a plusieurs choses que je vais avoir peur de faire plus tard. Mais aujourd’hui, je n’ai pas peur, c’est pour Daphné que je le fais (adresse à la cour). »
– Léonie Huard-Boudreault, sœur de la victime

« J’ai eu beaucoup de remords pendant longtemps. Je me disais : “j’aurais dû être là, j’aurais dû y aller”. […] Je voudrais savoir pourquoi tu as fait ça? Comment c’est dans ta tête ? À quoi tu penses et comment tu vis avec ça? » – Alexis Massé, copain de Daphné

 

« Elle avait des étincelles que je n’avais jamais vues, des étincelles de joie et d’amour, et surtout de soulagement, d’avoir mis un terme à une relation qu’elle savait toxique. Elle voulait juste le quitter. Elle aura payé de sa vie pour avoir la tranquillité qu’elle méritait. » – Claudine Halde, belle-mère de la victime.
« C’est avec beaucoup de tristesse que je vous présente mes condoléances et sincères excuses. J’implore quand même votre pardon. »
– Anthony Pratte-Lops, par l’entremise d’un mot lu par son avocat

 

Autre texte : Pratte-Lops derrière les barreaux pour longtemps 

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