6 mars 2020 - 20:31
Corinne Laframboise a frayé son chemin dans un univers « macho »
Par: Denis Bélanger

Corinne Laframboise (droite) à un séminaire d’initiation au jiu-jitsu brésilien avec la présence d’ une invitée spéciale, l’ancienne aspirante au titre des poids mouches de l’UFC, Valérie Létourneau. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La combattante d’arts martiaux mixtes professionnelle originaire de Saint-Mathieu-de-Belœil, Corinne Laframboise, admet que son arrivée dans un gym de sports de combat entrait en contradiction avec une vieille école de pensée encore présente chez certains. Malgré des commentaires désobligeants, elle a su faire son chemin en travaillant fort pour justement mériter cette place qui l’amène à se produire à l’étranger en 2020.

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« J’en ai entendu toutes sortes de commentaires. C’est un monde relativement macho. T’as plein de petits de gars qui sont sur la testostérone et ont quelque chose à prouver. Quand une femme arrive dans le domaine, on dirait que t’as encore plus de choses à démontrer. T’es pourtant pas là pour te faire regarder. T’es là pour faire de la compétition, ta place est aussi valable qu’un autre. Ça s’est pas mal amélioré avec le temps. Aujourd’hui, ils vont me lancer des trucs pour surtout m’agacer », raconte la femme de 31 ans qui exerce aussi le métier d’hygiéniste dentaire.

Elle a longtemps pratiqué la gymnastique quand elle était gamine. Elle s’est intéressée aux sports de combat plus tardivement. « Mon copain de l’époque suivait un cours de boxe. Au gym se donnaient aussi des cours de jiu-jitsu, il y avait un tout petit contre un plus gros. Je trouvais ça intéressant et pratique, car nous les femmes sommes souvent plus petites et moins costaudes que les hommes. »

Sa persévérance l’a amenée par la suite à remporter un championnat du monde de jiu-jitsu et à faire ses débuts professionnels dans les arts martiaux mixtes qui marient les différentes formes de sports de combat. Ces dernières années, elle s’est illustrée sur la scène locale et a commencé en 2020 à se produire à l’étranger. Elle compte un jour faire le saut dans la plus prestigieuse organisation au monde de ce sport, l’Ultimate Fighting Championship.

Le gros bon sens

Corinne Laframboise est une personne qui garde les deux pieds sur terre. Elle a de l’admiration pour plusieurs combattants et combattantes, mais n’a pas d’idole à proprement parler. Elle ne se fait pas dans l’arène de combat un porte-voix pour l’amélioration des conditions des femmes. Pour elle, c’est le travail et l’ardeur qui doivent faire foi de tout et non pas le genre. Devant le fait de voir des femmes combattre dans les arts martiaux mixtes, et parfois même occuper l’affiche principale d’événements, elle ne dit pas bravo, mais bien que c’est normal.

Elle aime bien toutefois appuyer des causes venant en aide aux personnes vulnérables. Elle a été par le passé porte-parole pour un événement de Leucan. Corinne Laframboise a de plus animé dans un centre d’entraînement de Saint-Mathieu-de-Belœil un atelier d’initiation au jiu-jitsu pour les femmes. Les dons recueillis grâce à cet événement ont été remis à la Maison La Source, organisme venant en aide aux victimes de violence conjugale. Elle compte bien refaire ce genre d’événements.

Quand on se compare, on se console

Corinne Laframboise a combattu en janvier dernier à Abu Dhabi et compte y retourner en mars. Ce n’était pas la première fois qu’elle visitait l’endroit. Elle y avait séjourné il y a quelques années pour les championnats de jiu-jitsu. Elle est consciente que la situation de la femme n’est pas la même qu’en Occident. Chaque fois, Corinne s’est montrée conciliante pour certains points, car cela ne la brimait et ne la désavantageait pas sur le plan sportif.

« Une fois, on avait mangé au restaurant, j’étais la seule fille. J’étais allée à la salle de bain, mais avant de regagner la table, un serveur voulait s’assurer que j’étais bien avec ce groupe d’hommes. Une autre fois, mon coach avait commandé un taxi et le chauffeur ne voulait pas m’embarquer, raconte-t-elle. La pesée médiatique de janvier s’est faite dans un centre commercial; pour l’occasion, les combattantes étaient en chandail et en jean au lieu d’être en tenue sportive. »

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