20 décembre 2016 - 00:00
Accessible, mais peu de manière anonyme
Par: Karine Guillet
Les écoles où le condom est accessible gratuitement en distribuent plus de 500 par année

Les écoles où le condom est accessible gratuitement en distribuent plus de 500 par année

SANTÉ. Le condom n’aura jamais été aussi accessible dans les écoles secondaires de la région. Les moyens de distribution devraient toutefois être plus diversifiés, conclut une étude de la direction de la santé publique de la Montérégie (DSPM). À Polybel, l’équipe-école a trouvé un moyen de remédier à la situation.

Publicité
Activer le son

L’école secondaire de Polybel de Belœil a décidé cette année de changer sa méthode de distribution. Des membres du personnel non enseignant ont des paniers à condom sur leur bureau. Des paniers libre-service ont aussi été installés dans l’école, pour que les élèves puissent se servir anonymement.

«Nous voulions offrir à nos élèves la possibilité d’avoir une sexualité responsable», explique la directrice Geneviève Richard

Épidémie d’ITSS

Selon l’enquête réalisée à l’hiver 2016, 98% des écoles de la Montérégie distribuaient gratuitement des condoms aux élèves. Une bonne nouvelle selon la directrice de la santé publique de la Montérégie, Dre Julie Loslier.

Toutefois, selon les dernières données disponibles, les taux d’incidence des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) en Montérégie ont doublé entre 2010 et 2014 dans la région, voire quadruplé dans le cas de la gonorrhée.

«Ce qu’on remarque, c’est que depuis quelques années, on a une hausse importante d’ITSS dans tous les groupes d’âge, et ça n’épargne pas les jeunes. Le condom est la meilleure façon de prévenir les ITSS. Cela dit, ça doit être accompagné de plusieurs autres mesures», lance la Dre Loslier.

Diversifier les moyens

Bien qu’elle se réjouisse de l’accessibilité du condom, la direction de la santé publique croit toutefois que les écoles devraient diversifier les moyens de rendre accessibles les préservatifs.

Les services de santé sont responsables de la distribution de condoms dans les écoles secondaires de la Commission scolaire des Patriotes (CSP), comme dans la vaste majorité des autres écoles de la Montérégie.

Dans 70% des écoles, l’élève qui souhaite avoir un condom doit le demander à l’infirmière. La gêne et l’anonymat sont pourtant d’importantes barrières pour les jeunes. L’infirmière n’est pas non plus toujours présente à l’école.

«Les garçons ne consultent pas beaucoup le service de santé. D’où l’avantage d’avoir des mesures qui seraient plus anonymes», explique Nancy Chouinard, qui s’est occupée de la rédaction de l’étude.

D’autres moyens

La porte-parole de la CSP, Lyne Arcand, précise que d’autres adultes de l’école, comme les enseignants ou les techniciens en loisir, peuvent aussi distribuer des condoms.

«Oui, c’est important que l’infirmière, lors des consultations pour raisons de santé sexuelle, offre systématiquement un condom; mais encore là, ce rôle-là pourrait être exercé par le service étudiant ou par d’autres services pour que ce soit accessible», explique Nancy Chouinard, de la Direction de la santé publique de la Montérégie

La direction de la santé publique suggère aussi la mise en place de paniers libre-service. La DSPM avance également que les médias sociaux pourraient servir à médiatiser les endroits où les condoms sont accessibles et à en normaliser l’usage.

Proportion des écoles rendant le condom accessible, par moyen

Les distributrices moins utilisées

Selon l’étude, le pourcentage d’écoles qui possèdent des distributrices pour les condoms est passé de 39% à 11%. Très peu d’écoles de la CSP possèdent d’ailleurs des machines distributrices, confirme Mme Arcand.

Cette baisse peut en partie s’expliquer par le fait que d’autres moyens sont davantage privilégiés; le recours au personnel enseignant est par exemple passé de 19% à 27% pendant cette même période. Les distributrices apportent aussi leur lot de problèmes, dont une gestion plus compliquée, des coûts supplémentaires et parfois des gestes de vandalisme. «C’est plus complexe, ce n’est pas le moyen le plus adapté pour une clientèle de cet âge-là. […] Il y a d’autres façons de faire que la distributrice qui va répondre au besoin d’anonymat.»

Et les filles?

Selon le Portrait des jeunes du secondaire de la Montérégie, les filles étaient proportionnellement moins nombreuses à utiliser le condom. Près de 40% des filles ont affirmé ne pas avoir utilisé le condom lors de leur dernière relation sexuelle vaginale, comparativement à 25% des garçons. Cette proportion augmente de façon draconienne à partir de la quatrième secondaire, où seulement une fille sur deux utilise le condom.

«Le travail qu’on a à faire auprès de nos jeunes filles, c’est de bien les sensibiliser à l’importance d’utiliser le condom même si elles prennent la contraception orale», explique la directrice de la santé publique de la Montérégie, Dre Julie Loslier.

image