7 juillet 2016 - 00:00
Déracinement
Par: L'Oeil Régional
Une centaine d'élèves devront faire leur rentrée dans une nouvelle école.

Une centaine d'élèves devront faire leur rentrée dans une nouvelle école.

Je vous ai déjà raconté. Je jouais avec mes figurines Ghostbusters sur le gazon, devant la maison. Patrick passait par là. Il m’a vu, s’est approché puis s’est assis avec moi. Nous n’avions pas tout à fait cinq ans. Nous sommes devenus meilleurs amis.

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On s’est ensuite revu à l’école primaire. J’allais chez Patrick tous les soirs après l’école. On jouait à Mario Kart sur sa console Super Nintendo. Avec le recul, je peux dire du bout des lèvres qu’il était «un peu» meilleur que moi. À peine, j’étais bon aussi, n’allez pas croire le contraire.

Bon, on s’en fout. Reste que j’ai des tonnes d’anecdotes comme celle-là. Même quartier, même école. Aujourd’hui encore, nous continuons de nous croiser. Nous jouons encore à nos jeux vidéo et nous sirotons une bière lorsque l’occasion se présente. Deux gars ben différents, mais on se retrouve toujours.

 

Imaginez le jeune. Il va à la même école depuis la maternelle. Puis en 5e année, on le transfert. Ce n’est pas idéal, mais ce n’est pas grave, dira-t-on. Moi, je pense que c’est un drame. Déraciné de son quartier, forcé de changer d’amis. Ajoutez que son frère reste à l’ancienne école, et ajoutez le stress du service de garde, des devoirs et des parents pressés qui devront se farcir deux arrêts après le travail.

Ma collègue me racontait l’histoire de ces parents de Mont-Saint-Hilaire. «Si c’était mon enfant, je pense que je mettrais le feu à l’école tellement je serais en colère», lui ai-je répondu.

C’est une seule histoire. Il y en aura 100 comme ça à la rentrée des classes à Mont-Saint-Hilaire.

 

En 2014, Yves Corriveau, le maire de Mont-Saint-Hilaire, disait que «pour le développement d’une ville, il est primordial que les gens qui viennent s’établir puissent envoyer leurs enfants à l’école. J’ai des amis que je connais depuis l’âge de sept ans parce que j’ai pu tisser des liens qui ont duré. À l’époque, les enfants d’un même voisinage se suivaient tout au long de leur cheminement académique.»

 

Tout au long de leur cheminement académique. Je suis d’accord avec lui, vous n’avez pas idée. Je trouve ces transferts d’élèves déplorables. Rien de moins.

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