5 août 2015 - 00:00
Un marathon inégalé
Par: Denis Bélanger
Un marathon inégalé

Un marathon inégalé

Une fois terminée, la présente campagne électorale aura duré 78 jours. Je suis déçu. Le premier ministre Stephen Harper aurait pu se forcer pour ajouter deux jours de plus. Ainsi, nous aurions pu donner un titre à ce scrutin, Le tour du Canada en 80 jours!

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Ce clin d’œil à la célèbre œuvre Le tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne est ironique. Trois mois de campagne, on risque «d’écœurer le monde» et pousser certains à s’abstenir de voter. Les électeurs ont le temps d’oublier le nom des candidats 15 fois et de changer d’idée en autant d’occasions.

Le souhait collectif est que le plus grand nombre possible de gens votent. Au Canada, c’est encore plus du tiers de la population qui ne se rend pas dans l’isoloir. En 2008, le taux de participation a été de 58,8%, et de 61,1% en 2011. Au Québec, c’est plus du quart (74,60% en 2012 et 71,44% en 2014).

Certains optimistes diraient, avec une certaine naïveté, que 78 jours permettent à tous les candidats de frapper à toutes les portes de leur circonscription. Aux dernières élections municipales, un expert universitaire m’avait dit que le porte-à-porte était une méthode dépassée et peu efficace.

Les électeurs n’ont pas peur de faire comprendre aux élus qu’ils sont «écœurés»  d’un marathon électoral.  Rappelons-nous 2008. Le 14 octobre, c’était jour de scrutin fédéral. Moins de deux mois plus tard, le  8 décembre, tous les Québécois étaient conviés de nouveau aux urnes pour élire un nouveau gouvernement à l’Assemblée nationale. Le taux de participation a été catastrophique pour les standards du Québec, 57,43%. La dernière fois que le taux était descendu sous la barre des 70% remontait à 1927. Ajoutons cette année que les Québécois vont se rendre aux urnes pour une cinquième année consécutive. Voter est devenu notre nouveau sport national. D’ailleurs, dans 78 jours, l’entraîneur-chef Michel Therrien aura probablement remanié 15 000 fois les trios du Canadien de Montréal.

Les défenseurs d’une réforme complète du vote me diraient qu’un mode proportionnel entraînerait une hausse de la participation. Les citoyens auraient le sentiment que leur vote est représentatif. Je vous dirais que déjà chaque vote compte alors que les résultats nous ont réservé quelques surprises ces dernières années.

C’est certain que nous aurons une vague cette année. Mais quelle en sera la nature? Une vague rouge, bleue, orange ou verte? Une vague de contestation? Une vague d’abstention du vote? Une vague de mobilisation du vote? Une vague de statu quo?

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