9 juin 2016 - 00:00
Le «Roi des pharmacies» risque d’être radié
Par: L'Oeil Régional
Le «roi des pharmacies» Jonathan-Yan Perreault pourrait être radié

Le «roi des pharmacies» Jonathan-Yan Perreault pourrait être radié

Selon Marc-Étienne Cloutier, pharmacien et copropriétaire des Uniprix de Beloeil et de Mont-Saint-Hilaire, Jonatha-Yan Perreault entâche toute la profession.

Selon Marc-Étienne Cloutier, pharmacien et copropriétaire des Uniprix de Beloeil et de Mont-Saint-Hilaire, Jonatha-Yan Perreault entâche toute la profession.

JUSTICE. Le pharmacien Jonathan-Yan Perreault, à la tête d’une quarantaine de pharmacies partout en province, dont à Belœil et Mont-Saint-Hilaire Brossard, Longueuil, La Prairie et Candiac, risque la radiation. Marc-Étienne Cloutier, pharmacien et copropriétaire des Uniprix de Beloeil et de Mont-Saint-Hilaire, se désole de la situation.

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Appelé à commenter la situation, le pharmacien Marc-Étienne Cloutier s’est voulu toutefois très rassurant pour sa clientèle. «M. Perreaut n’a jamais travaillé comme pharmacien. C’était un investisseur. Je pense qu’il n’a jamais mis les pieds à Mont-Saint-Hilaire, et une fois à Beloeil pour voir la construction. Marc-Antoine [Fortin] et moi sommes les pharmaciens qui travaillent là.»

Rappelons que l’audience de M. Perrault devant le conseil de discipline de l’OPQ les 8 et 9 juin doit déterminer si le pharmacien de 37 ans sera radié de l’ordre.

Les faits qui sont reprochés sont entre autres en lien avec la conservation de médicaments périmés, la réception d’avantages relatifs à l’exercice de la pharmacie, la réclamation illégale auprès d’assureurs, le fait d’avoir entravé le travail du syndic, ainsi que d’avoir tenu des propos menaçants, irrespectueux et abusifs à caractère sexuel.

Le pharmacien doit se défendre d’usage immodéré de substances psychotropes, en plus de s’être servi de médicaments sans ordonnance.

Finalement, l’Ordre reproche même à Jonathan-Yan Perreault d’avoir obtenu son permis de pharmacien de manière frauduleuse.

Selon le quotidien La Presse, le pharmacien n’était pas présent le 8 juin devant le conseil de l’OPQ puisqu’il était hospitalisé en psychiatrie. Son avocate Me Dominique-Anne Roy  affirme que son client est malade, mais a demandé qu’une partie de ses informations médicales soient frappées d’un interdit de publication. Il est toutefois permis de divulguer qu’il aurait un problème d’abus de stupéfiants.

Dommage pour la profession

Devant des clients inquiets de Beloeil et Mont-Saint-Hilaire, M. Cloutier souligne suivre «les meilleures normes de qualité au monde».

«Tout ce qu’on peut voir [dans les articles], ça ne se fait pas ici. M. Perrault nous a permis d’avoir accès au commerce seulement.»

Même si les accusations contre M. Perrault ne sont pas en lien direct avec les deux commerces de la région, M. Cloutier trouve la situation très regrettable.

«C’est de la mauvaise presse pour les Uniprix, mais aussi les autres pharmacies du Québec. Ça touche tout le métier, même si c’est une seule personne. 99,9 % des pharmaciens ont une étique irréprochable.»

Si M. Perreault est radié, les deux pharmaciens de Beloeil et Mont-Saint-Hilaire devront racheter ses parts dans les deux succursales. M. Cloutier invite d’ailleurs les clients à se faire nombreux dans les prochaines semaines. «On va travailler très fort pour que le commerce ne soit pas en danger.»

Un pharmacien prospère

Une enquête du Journal de Montréal révélait, il y a quelques mois, l’existence d’un stratagème qui a permis à Jonathan-Yan Perreault de devenir actionnaire de près de 40 détaillants pharmaceutiques en seulement six ans. Selon les informations du quotidien, plusieurs jeunes pharmaciens ont choisi de s’associer à Perreault afin de devenir propriétaires d’une pharmacie affiliée à Uniprix. La valeur d’une seule succursale varie entre 1 et 10 M$.

Ce qui soulève des questions sur les affaires du pharmacien, c’est l’utilisation d’un prête-nom et le fait que son nom n’apparait pas au registre des entreprises pour certains de ses établissements.

À la suite de la publication du reportage du Journal de Montréal, d’autres conduites discutables du pharmacien ont été révélées, dont des ententes avec d’importantes entreprises pharmaceutiques qui lui versaient des ristournes sur certains médicaments dont il faisait la promotion. Le droit de bénéficier de programmes de la multinationale McKesson pour obtenir du financement a aussi été pointé du doigt. Cette entreprise américaine a dû verser 40 M$ en 2013 à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) pour avoir grassement récompensé des pharmaciens par le biais d’ententes avec des propriétaires affiliés à Uniprix.

Selon Le Journal de Montréal, la seule pharmacie que possédait entièrement Jonathan-Yan Perreault, celle de Longueuil, aurait été vendue il y a quelques jours et la conjointe de ce dernier tente maintenant de vendre le reste de ses parts dans les autres commerces.

Avec la participation de Vincent Guilbault

Liste des pharmacies de Jonathan-Yan Perreault en Montérégie

1615, boul. Jacques-Cartier Est, Longueuil

140, chemin de Saint-Jean, La Prairie

863, boul. Yvon-L’Heureux Nord, Beloeil

15, boul. Montcalm Nord, Candiac

2111, boul. Lapinière, Brossard

466, boul. Sir-Wilfrid-Laurier, Mont-Saint-Hilaire

338, rue Saint-Jacques et 84, rue Court, Granby

499-200, boul. d’Anjou, Châteauguay

175, chemin Sanguinet, Saint-Philippe

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