13 septembre 2016 - 00:00
«J’ai eu la peur de ma vie» – Hélène Gauvreau
Par: Denis Bélanger
Hélène Gauvreau devant son témoignage publié par  L'Œil Régional il y a dix ans, à la suite de la fusillade de Dawson.

Hélène Gauvreau devant son témoignage publié par L'Œil Régional il y a dix ans, à la suite de la fusillade de Dawson.

Aujourd’hui marque le 10e anniversaire de la fusillade au Collège Dawson. Hélène Gauvreau, de Beloeil, alors enseignante en français, était sur place au moment du drame. Bien qu’elle affirme ne garder aucune séquelle du 13 septembre 2006, elle a encore gravé dans sa mémoire la séquence exacte des événements.

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Aux alentours de 13h, elle marchait d’un pas rapide dans un couloir de l’école, car il ne lui restait que quelques minutes avant le début de son cours. Elle a arrêté abruptement sa marche lorsqu’une collègue lui a crié. «Elle m’a dit : “ne va pas là, il y a un tireur fou”.»

Sur ces mots, Mme Gauvreau a rebroussé chemin et est allée se réfugier dans un local de professeurs. Ils étaient environ sept dans ce bureau. Elle n’est pas certaine du temps qu’elle a passé dans le local, mais ça lui a paru interminable. «La plus grande peur que j’ai eue c’est de ne pas savoir combien de tireurs étaient là, on entendait toutes sortes d’affaires. Ça a été long avant qu’on sache qu’il y en avait juste un. Nous étions au 5e et on voyait par la fenêtre des ambulances et des civières qui sortaient.»

Les policiers sont finalement venus frapper à la porte du local. Hélène Gauvreau et ses collègues sont sortis avec les mains dans les airs. La marche vers l’extérieur du collège a été longue et pénible. «Il y avait des chiens partout. Un de mes collègues avait peur (cynophobie). “Je vais mourir”, me lançait-il. Je lui avais dit de se taire. Une autre brandissait les mains et chantait YMCA. Un policier lui disait que ce n’était pas le temps. Moi j’avais les mains qui tremblaient. On a également contourné la flaque de sang du tueur. C’est une image que je n’oublierais jamais.»

Résilience

Les lendemains de la fusillade ont été difficiles pour certains collègues d’Hélène Gauvreau. «Il y en a qui ont longtemps été en arrêt de travail.  De plus, plusieurs élèves blessés ont abandonné leurs études; dans mes classes j’en avais trois. On recevait des avis qui disaient “Be careful, 13th  september student.”»

Hélène Gauvreau assure que les conséquences de cette journée ont été moins graves pour elle. Elle a pris sa retraite de l’enseignement en 2009 pour devenir photographe d’une revue pour enfants. Elle n’a pas laissé la peur dicter sa conduite et a décidé de profiter de la vie. Il lui arrive même certaines années, le 13 septembre, de ne pas penser aux événements.  

Mais il y a bien son ostéopathe qui a flairé des traces. «Ça fait trois ans que je la vois pour un problème de dos.  À un moment donné, elle m’examinait et m’a demandé si j’avais eu un traumatisme. Je lui ai révélé que j’avais vécu la tuerie de Dawson. Elle m’a alors dit “tu l’as imprimé dans le dos”. C’était peut-être ça. Ça ne m’était jamais venu à l’esprit de relier Dawson à mes problèmes de dos.»

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